Friedrich Merz a ouvert la conférence de presse en félicitant Mitsotakis : « Ce que votre pays a accompli est remarquable. Je vous adresse mes sincères félicitations pour les succès obtenus ces dernières années. »

En recevant la distinction, Mitsotakis a entamé son discours sur un ton pompeux :

« Certes, il y a eu de grandes difficultés et des sacrifices, mais le peuple grec a fait preuve de courage, il a accepté le changement et montré une résilience admirable. Il n’a jamais renoncé à sa promesse d’un avenir meilleur. Il fut un temps, comme vous l’avez justement rappelé, où la Grèce était perçue, y compris ici à Berlin, comme l’enfant à problème de l’Europe. Notre capacité à réformer était remise en question. »

Poursuivant dans une veine plutôt auto-élogieuse, il a ajouté :

« Nos intentions étaient floues pour beaucoup, et même notre appartenance à la famille européenne semblait fragile. Et pourtant, ce pays, qui suscitait tant de scepticisme en Allemagne, est aujourd’hui reconnu pour sa détermination, sa discipline, sa résilience, et sa capacité à mettre en œuvre des réformes difficiles. »

Sur la question de la fraude fiscale, Mitsotakis a défendu son action :

« Grâce aux outils numériques que nous avons mis en place, nous avons pu récupérer des recettes fiscales auprès de ceux qui ne payaient rien auparavant. Bien sûr, cela a suscité des réactions au début. Mais aujourd’hui, en redistribuant ces recettes aux citoyens, ils voient bien que cette réforme porte ses fruits. »

Il a ensuite insisté sur les effets sur l’emploi :

« Mais ce qui compte le plus, c’est que ces progrès se traduisent principalement par la création d’emplois. En six ans, nous avons créé 500 000 nouveaux emplois. C’est sans doute notre plus grande réussite économique. »

En conclusion, Mitsotakis a présenté cette médaille comme une victoire collective du peuple grec, omettant au passage les difficultés que rencontrent encore les habitant.e.s du pays, et a invité les investisseurs étrangers à miser sur la Grèce :

« Cette soirée est chargée d’émotion. Elle m’a permis de repenser à ce parcours difficile, que beaucoup pensaient impossible. Mais je crois que nous avons remporté ce pari. Je suis heureux de pouvoir partager notre histoire et d’inviter les entreprises à considérer la Grèce comme une terre d’investissement. Je reçois cette distinction au nom du peuple grec. Merci, Friedrich, pour cette reconnaissance. Je me réjouis de collaborer avec vous et votre gouvernement. Merci à tous pour la confiance que vous accordez à la Grèce. »

Le retour à la semaine de six jours salué par Merz

Lors de la conférence de presse, un journaliste a demandé à Merz ce que l’Allemagne pouvait apprendre du succès grec. Dans sa réponse, il a involontairement mis en lumière un point que Mitsotakis n’a jamais vraiment assumé : le retour à la semaine de six jours de travail.

« Nous avons suivi de près ce qu’a fait la Grèce. Le retour à la semaine de six jours, c’est impensable en Allemagne. Mais même de petits ajustements… Il ne faut plus seulement parler de huit heures par jour, mais d’un plafond hebdomadaire. Ce choix montre une volonté de travailler plus. Ceux qui pensent qu’il est impossible de faire 40 heures par semaine devraient regarder du côté de la Grèce. Ils ont largement dépassé nos normes en matière de temps de travail. Il y a des leçons à en tirer. »

Mitsotakis, visiblement embarrassé, a tenté de rectifier :

« Merci au chancelier pour ses mots aimables. Mais je tiens à préciser que la semaine de cinq jours est toujours garantie par la loi. Nous avons simplement introduit plus de souplesse dans le droit du travail, dans le respect des droits des salariés et pour soutenir la productivité des entreprises. »

Mitsotakis : « En Grèce, la liberté d’expression est absolue »

Interrogé par une journaliste de Deutsche Welle sur la liberté de la presse, Mitsotakis s’est montré surpris. La question faisait référence aux classements qui placent la Grèce, pour la quatrième année consécutive, en dernière position dans l’Union européenne. « Que répondez-vous à cela, et que comptez-vous faire ? »

Le Premier ministre a balayé la critique :

« La Grèce est une démocratie qui fonctionne très bien. Seule la Commission européenne peut évaluer l’état de droit dans notre pays. »

Il a poursuivi :

« Je trouve curieux que certains classements d’ONG mettent la Grèce – un pays où la démocratie fonctionne très bien – derrière certains pays africains qui n’ont pas particulièrement la réputation d’avoir des réflexes démocratiques. »

Et de conclure :

« En Grèce, chacun peut dire et écrire ce qu’il veut. La liberté d’expression est absolue. Je vous assure que les critiques à l’encontre de mon gouvernement sont très vives – comme il se doit dans toute démocratie digne de ce nom. Et nous l’acceptons. »

Pourtant, le rapport de 117 pages de Human Rights Watch, intitulé « De mal en pis – La dégradation de la liberté de la presse en Grèce », documente un climat hostile envers les médias indépendants et les journalistes depuis l’arrivée au pouvoir du parti Nouvelle Démocratie en juillet 2019. Le rapport fait état d’intimidations, de surveillances, de poursuites abusives et d’un usage des fonds publics pour influencer les lignes éditoriales, y compris dans les médias publics. Ces pratiques compromettent gravement la liberté d’expression et le droit des citoyens à une information libre.

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