Universités grecques sous haute surveillance : sanctions renforcées, suspension du statut étudiant et contrôle des accès annoncés par la ministre de l’Éducation
Stratégie de contrôle et de sanctions
La ministre grecque de l’Éducation Sofia Zaharaki, a présenté lors de la Conférence des recteurs en Chalcidique un plan global visant à renforcer la sécurité dans les universités, encadrer plus strictement les étudiant.e.s et sanctionner les actes que le gouvernement qualifie d’« actes de violence ». Toute forme de mobilisation ou de contestation étudiante susceptible d’être interprétée comme telle pourra entraîner de lourdes conséquences.
Plans de sécurité obligatoires et accès contrôlé
Les universités grecques devront déposer, d’ici fin juillet, un plan de sécurité détaillé. Ces mesures incluent l’installation de systèmes de contrôle d’accès d’ici la fin de l’année, avec une mise en œuvre prioritaire dans les établissements où des incidents sont régulièrement signalés. Une plateforme numérique permettra au ministère de suivre en temps réel l’évolution du déploiement de ces dispositifs. Un financement d’urgence reste possible pour les établissements qui en feraient la demande, en complément des 10 millions d’euros déjà alloués en 2021.
Répression pénale accrue
Le cadre juridique est également durci : toute personne arrêtée pour un délit commis dans une université verra automatiquement son statut étudiant suspendu pour une durée pouvant aller jusqu’à 24 mois. Une expulsion définitive sera prononcée en cas de condamnation pénale définitive. Le gouvernement grec prévoit par ailleurs d’accélérer les procédures judiciaires, en limitant les reports et les suspensions de peine, afin que « la justice soit rendue plus rapidement ».
Discipline centralisée et sanctions pour les recteur.rice.s
Les conseils de discipline, qui dépendaient jusqu’ici des départements, seront désormais centralisés au niveau des administrations universitaires. C’est aux recteur.rice.s qu’incombera directement la responsabilité d’appliquer les nouvelles règles, sous peine de sanctions administratives pouvant aller jusqu’à la révocation.
Malgré la sévérité du dispositif, la ministre s’est voulue confiante : « Nous avons constaté un consensus parmi les recteurs sur la nécessité d’agir contre la violence dans les universités », a-t-elle déclaré. Elle a insisté sur l’obligation collective – ministère comme autorités universitaires – de garantir la sécurité sur les campus.
« Il est temps de tirer parti de l’expérience accumulée pour améliorer et renforcer la législation, et nous serons intransigeants dans son application. »
Suivi numérique et calendrier précis
L’ensemble des actions mises en œuvre sera consigné sur une plateforme numérique. Le ministère entend suivre lui-même, de manière étroite, l’état d’avancement des mesures dans chaque établissement. L’installation des dispositifs d’accès sera achevée d’ici la fin de l’année dans les facultés les plus concernées.
Statut étudiant : nouvelles règles à venir
Un nouveau cadre législatif attendu en juin permettra de distinguer plus clairement les étudiant.e.s actif.ve.s (sur la base de leur participation aux examens, aux stages ou des crédits ECTS obtenus) de celles et ceux considéré.e.s comme inactif.ve.s. Des exceptions sont prévues pour les étudiant.e.s salarié.e.s, en situation de handicap ou confronté.e.s à des problèmes de santé sérieux.
Budget en hausse et soutien renforcé
La ministre a rappelé que depuis 2019, le budget alloué aux universités a augmenté de 116 % et que le nombre de membres du corps académique a doublé. Elle a aussi fait part de l’intention du gouvernement de continuer à soutenir financièrement les universités, y compris par des partenariats internationaux, dont le montant dépasse déjà 70 millions d’euros.
Vers un encadrement plus strict de l’autonomie universitaire
Enfin, le vice-ministre Nikos Papaïoannou a tenu à rappeler que si les universités grecques sont autonomes, elles ne doivent pas être, selon lui, « gérées par quelques groupes d’intérêt ». À ses yeux, les nouvelles mesures et la législation à venir visent à mettre fin définitivement aux violences sur les campus.
Mesures répressives annoncées par le gouvernement, en résumé :
- Obligation pour toutes les universités de soumettre un plan de sécurité d’ici fin juillet 2025 ;
- installation de systèmes d’accès contrôlé dans les établissements, à finaliser avant la fin de l’année 2025 ;
- mise en œuvre prioritaire dans les facultés où des actes répréhensibles sont fréquents ;
- suivi de la mise en œuvre via une plateforme numérique gérée par le ministère ;
- suspension automatique du statut étudiant jusqu’à 24 mois en cas d’arrestation pour un acte pénal ;
- radiation définitive en cas de condamnation judiciaire définitive ;
- accélération des procédures judiciaires : moins de reports, moins de suspensions de peine ;
- création de conseils de discipline au niveau central des universités ;
- responsabilité directe des recteurs pour l’application des mesures, avec sanctions en cas de non-conformité ;
- nouvelle législation à venir pour distinguer les étudiants actifs des inactifs.
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