Affaire de Tempé : la Cour suprême transmet un dossier accablant au Parlement grec, deux anciens ministres visés

L’affaire de la catastrophe ferroviaire de Tempé prend un nouveau tournant politique. Selon des sources parlementaires, un volumineux dossier d’instruction visant les anciens ministres des Transports et des Infrastructures, Christos Spirtzis et Kostas Achilleas Karamanlis, a été transmis au Parlement par la Cour suprême grecque. L’enquête, menée par le juge d'instruction auprès de la cour d’appel de Larissa Sotiris Bakaïmis, concerne les éventuelles responsabilités politiques dans cette tragédie qui a coûté la vie à 57 personnes. Ce dossier, transmis conformément à la législation
Ce dossier, transmis conformément à la législation sur la responsabilité ministérielle, doit être officiellement présenté en séance plénière mercredi prochain. Les député.e.s pourront consulter l’intégralité des pièces dans une salle spécialement aménagée au rez-de-chaussée du Parlement, attenante au bureau du président de l’Assemblée.
D’après un reportage diffusé par la chaîne publique ERT, c’est le jeudi 24 avril que le juge Bakaïmis a adressé ses derniers éléments au parquet de Larissa. Ses investigations laissent entrevoir d’éventuelles responsabilités pénales impliquant les deux anciens ministres des Transports, pour des faits s’étalant de 2016 jusqu’au moment du drame. Le lendemain, vendredi 25 avril, le dossier complet a été transféré sous format numérique au parquet de la Cour suprême, qui l’a aussitôt fait suivre au ministère de la Justice en vue de sa transmission au Parlement.
En vertu de la loi encadrant la responsabilité des membres du gouvernement, le magistrat instructeur ne peut ni qualifier les infractions présumées, ni évaluer la solidité des preuves. Pourtant, selon des sources judiciaires de haut niveau, un chef d’accusation grave se dessine : celui de mise en danger de la sécurité des transports, un crime passible de lourdes peines. Cette piste ressort notamment des dépositions de deux hauts responsables du ministère des Transports et de documents qu’ils ont eux-mêmes remis au juge. Il en ressort que les autorités politiques étaient informées des défaillances du réseau ferroviaire et des risques encourus par les usagers.
L’ampleur du dossier est telle qu’il sera livré en version papier, conformément au règlement intérieur du Parlement. Plusieurs cartons de documents sont attendus mercredi, date à partir de laquelle les parlementaires pourront commencer à les consulter, sans toutefois pouvoir en obtenir de copie.
La prochaine étape du processus consiste à réunir les signatures d’au moins 30 député.e.s pour qu’une commission parlementaire d’enquête préliminaire puisse être mise sur pied. Celle-ci aurait pour mission de déterminer les responsabilités pénales des anciens ministres et de préciser les faits reprochés à chacun.
Konstantopoulou appelle l’opposition à s’unir
Pour Zoi Konstantopoulou, cheffe du parti Cap sur la Liberté, cette transmission du dossier « ouvre un front de première importance et engage une responsabilité historique ». Elle appelle les partis d’opposition et leurs dirigeants à se concerter sans délai pour déposer une proposition de création d’une commission d’enquête parlementaire visant les membres du gouvernement impliqués dans le drame de Tempé.
« Le gouvernement doit dire clairement s’il acceptera ou non la mise en place de cette commission, ou s’il tentera encore de l’entraver, comme il l’a fait précédemment dans les cas de M. Karamanlis et, plus récemment, de M. Triantopoulos », a-t-elle déclaré. Elle estime par ailleurs que le président du Parlement a l’obligation d’assurer la transparence institutionnelle sur toute la ligne.
Intervenant également en tant qu’avocate de familles de victimes, Konstantopoulou a annoncé son intention de déposer une demande formelle pour convoquer une séance de la Commission des institutions et de la transparence. Elle y exigera la comparution de la procureure de la Cour suprême afin qu’elle s’explique publiquement sur sa gestion du dossier Tempé.
« J’appelle une fois de plus tous les partis de l’opposition et leurs chefs à agir de concert pour que justice soit rendue, pour garantir la transparence et la vérité, et pour honorer la mémoire de ceux dont la vie a été brutalement fauchée, ainsi que les droits de ceux qui ont survécu », a-t-elle conclu.
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