À Athènes, un travailleur migrant a été violemment passé à tabac à son domicile par deux individus envoyés, selon toute vraisemblance, par l’employeur pour lequel il travaillait depuis trois ans dans une station-service et un centre de lavage automobile du quartier de Patissia. L’organisation KEERFA (Mouvement Unifié Contre le Racisme et la Menace Fasciste) dénonce une agression raciste d’une extrême brutalité, sur fond de tentative d’intimidation.

Les faits remontent à la nuit du 12 mai. Farouk Hamza, employé de nuit depuis trois ans dans l’établissement, est en poste comme à son habitude ce soir-là. Vers 3h15, il déplace le véhicule d’un client pour le stationner dans une zone prévue pour le nettoyage. À son retour dans les bureaux, il constate la disparition d’une somme d’environ 3 600 euros. Il en informe la responsable des lieux. Aucun appel à la police n’est passé.

Le travailleur poursuit son service, qui devait se terminer à 8h. Il reste jusqu’à 10h, le collègue de relève arrivant avec du retard. C’est à son retour chez lui, quelques minutes plus tard, que tout bascule.

Deux hommes surgissent dans son logement. Ils le menacent, l’insultent, exigent qu’il leur rende l’argent prétendument volé. En ligne avec leur commanditaire, selon toute vraisemblance, l’employeur, ils sont sommés de « le faire parler ». Les coups pleuvent : poings américains, insultes racistes, et finalement un coup de couteau à l’oreille. Avant de fuir, les agresseurs lui prennent son téléphone pour l’empêcher d’appeller la police.

La violence ne s’arrête pas là. Dans les heures qui suivent, Farouk est sommé de ne pas porter plainte. La direction de l’entreprise tente de le convaincre d’oublier l’agression et de reprendre le travail comme si de rien n’était. Il refuse et orte plainte. L’employeur, en retour, dépose à son tour une plainte contre lui.

Farouk est aujourd’hui détenu. Il doit comparaître en procédure accélérée le vendredi 16 mai. Aucun élément ne permet de confirmer à ce jour que les agresseurs, ni leur commanditaire, aient été arrêtés.

KEERFA s’interroge : pourquoi n’avoir pas prévenu la police dès la disparition de l’argent ? Pourquoi ce recours immédiat à des méthodes relevant du grand banditisme ? L’organisation demande la libération immédiate de Farouk Hamza et la poursuite judiciaire des auteurs de l’agression, ainsi que de celui qui les a envoyés.

Une vidéo relayée par KEERFA vient par ailleurs renforcer la version du travailleur : on y voit Farouk garer le véhicule du client, pendant qu’un autre individu pénètre dans les locaux et s’empare de l’argent.

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