Au moins 171 personnes mortes ou disparues en mer Égée en 2024 : un bilan alarmant des naufrages de réfugié.e.s

Les données compilées concernent tous les incidents signalés en Grèce en 2024 impliquant des décès ou des disparitions.
Elles ont été recueillies en à travers l’analyse de différentes sources, notamment les déclarations officielles de la garde côtière hellénique et turque, les rapports du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), des articles de presse grecque et internationale, ainsi que les publications des organisations Alarm Phone et Aegean Boat Report. L’organisation a également comparé son rapport aux données du projet Missing Migrants de l’Organisation internationale pour les migrations (IOM), qui recense les décès liés aux migrations ou aux frontières.
Une fin d’année particulièrement meurtrière
Les mois de novembre et décembre ont été les plus meurtriers, avec neuf naufrages ayant causé 36 morts et 41 disparus. Par ailleurs, le rapport souligne qu’au moins 42 décès et 9 disparus ont été recensés du côté turc de la mer Égée à la suite de 8 naufrages. En raison d’un accès limité aux données turques, ces chiffres ne sont probablement pas exhaustifs, mais l’estimation globale s’élève à au moins 171 personnes mortes ou disparues en mer Égée en 2024, à travers 35 naufrages de réfugié.e.s.
Selon l’étude, parmi les 27 naufrages ayant causé des décès ou des disparitions en Grèce, 12 ont eu lieu en mer Égée septentrionale, 11 en mer Égée méridionale et 4 au large de la Crète. La carte qui accompagne le rapport indique les îles les plus touchées par ces tragédies. Samos (8 naufrages), Rhodes (5) et Lesbos (3) sont les zones les plus touchées.
Garde-côtes grecs mis en cause : des faits graves qui demandent des investigations
Le rapport de RSA pointe des actes de violence documentés impliquant les garde-côtes grecs, notamment des collisions volontaires avec des embarcations de réfugié.e.s. Un exemple particulièrement choquant est le naufrage survenu au large de Rhodes le 20 décembre 2024.
D’après les témoignages des survivant.e.s :
« un navire des garde-côtes helléniques a violemment percuté un bateau transportant 27 personnes (…), provoquant la mort brutale de 8 d’entre elles, dont trois corps ont été retrouvés démembrés. »
Des mesures urgentes pour prévenir des nouvelles tragédies
L’étude conclut que les naufrages de grande ampleur se multiplient.
« L’absence de voies sûres et légales pour les demandeurs d’asile en Europe, combinée aux politiques de dissuasion systématiques aux frontières extérieures de l’UE, en violation des principes fondamentaux du droit, pousse de nombreuses personnes à la mort. Un an et demi après la catastrophe de Pylos, où plus de 600 personnes ont péri, les naufrages et les décès aux frontières restent une réalité quasi quotidienne. »
« Une réforme en profondeur des politiques migratoires et d’asile de l’Union européenne et de la Grèce est indispensable. Ces politiques doivent avant tout garantir le respect des droits fondamentaux des réfugiés et des migrants, à l’opposé de cette normalisation des morts en mer. La priorité doit être d’établir des itinéraires sûrs et légaux pour que les demandeurs d’asile puissent voyager en sécurité. Parallèlement, les victimes et leurs familles ont droit à un soutien et à la justice. Il est crucial de défendre leur cause et de mettre fin à ces morts injustes aux frontières. »
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