Le cadre réglementaire actuel, souligne-t-elle, freine la concurrence entre les opérateurs. Cela se traduit notamment par une planification peu efficace des lignes maritimes, une qualité de service inégale, et des tarifs élevés pour les usager.e.s. Outre les hausses répétées du prix des billets, l’un des effets de cette situation est que le maintien de liaisons régulières vers les îles les plus isolées n’est pas toujours compatible avec les logiques de rentabilité des grandes compagnies.

Face à ce constat, la Commission annonce l’ouverture d’une enquête sectorielle approfondie.

Dans un communiqué publié mercredi, elle explique que, compte tenu de l’importance stratégique des liaisons maritimes pour l’économie grecque et la cohésion sociale, ainsi que de la structure actuelle du marché et de l’évolution des tarifs, elle a décidé le 15 avril 2025 d’engager une enquête de fond, conformément à l’article 40 de la loi 3959/2011.

Elle rappelle que le transport maritime est un secteur essentiel, non seulement pour l’économie nationale, mais aussi pour garantir la continuité territoriale du pays.

Dans un pays composé de nombreuses îles, les ferries constituent le principal moyen de transport intérieur, tant pour les passagers que pour les marchandises. Ils assurent une liaison vitale entre les îles et le continent, mais aussi à l’international, notamment via les routes de l’Adriatique. Les conditions de transport, en termes de quantité et de qualité, ont un impact direct sur le développement économique, social et démographique des territoires insulaires.

C’est pourquoi le service maritime remplit, dans les faits, un rôle de service public d’intérêt général : il doit être assuré de manière adéquate, voire continue, dans un objectif de cohésion sociale, territoriale et de développement durable.

Cependant, ces services sont assurés par des entreprises privées, qui doivent également rester économiquement viables. Cette double exigence crée des tensions, d’autant plus fortes que la demande varie fortement selon les saisons et que certaines îles sont particulièrement isolées. Dans ce contexte, maintenir des liaisons régulières dans les zones les moins rentables ne va pas toujours de pair avec la recherche de profit.

L’enquête préliminaire de la Commission met en lumière plusieurs points clés :

  1. Concentration du marché : Malgré la libéralisation progressive du secteur depuis la levée du cabotage en 2002, la concurrence reste limitée. Deux entreprises contrôlent désormais 60 % de la flotte sur les trajets de moyenne et longue distance. La qualité des services reste inégale, surtout en dehors des lignes très touristiques, et peu de nouveaux acteurs font leur entrée sur le marché.
  2. Cadre réglementaire peu efficace : Le système actuel d’attribution des lignes – censé être libre – laisse place à des stratégies commerciales qui réduisent l’intensité de la concurrence. Cela affecte la manière dont les lignes sont organisées, la qualité du service et les prix pratiqués.
  3. Recours accru aux contrats de service public : Faute d’un marché réellement concurrentiel, l’État doit compenser en subventionnant des lignes peu rentables via des contrats de service public. Cela révèle des failles dans le fonctionnement du système et entraîne une charge croissante pour les finances publiques : les dépenses dans ce domaine ont été multipliées par 14 depuis 2001, passant de 10 millions à 152 millions d’euros en 2024.
  4. Organisation du réseau : Le réseau maritime grec est structuré autour du port du Pirée, dans un modèle en étoile. Cette configuration, combinée au manque chronique d’infrastructures portuaires – en particulier dans les îles – limite l’efficacité du système, tant du côté de l’offre que de la demande.
  5. Instabilité de la régulation : Les nombreuses réformes et changements d’autorité de régulation dans le secteur maritime ont créé un cadre institutionnel instable, avec des chevauchements de compétences et un manque de cohérence dans la gouvernance au niveau national.

À travers cette enquête sectorielle, la Commission entend approfondir ses observations préliminaires, analyser les conditions de concurrence dans le secteur maritime grec, identifier d’éventuelles distorsions et proposer des mesures pour renforcer la concurrence sur le marché.

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