Les quatre pneumologues de l’hôpital Venizelio à Héraklion, en Crète, ont présenté leur démission ce lundi. À bout de forces, ils dénoncent l’impossibilité d’assurer la sécurité et le bon fonctionnement du service avec un effectif aussi réduit. Ce geste fort met en lumière une situation qui se détériore depuis longtemps dans l’établissement. Dans une déclaration détaillée, les soignants dressent un tableau alarmant : services en sous-régime, trois blocs opératoires fermés, listes d’attente interminables, laboratoire de cardiologie à l’arrêt depuis plus d’un an faute de personnel. L’anesthésie ne repose plus que sur un seul médecin. Quant aux services de nettoyage et de restauration, ils ont été confiés à une entreprise privée, plus coûteuse et moins efficace.

« Nous ne laisserons pas l’hôpital Venizelio s’effondrer. Nous ne voulons pas revivre un autre désastre comme celui de Tempé, cette fois dans le secteur de la santé. Cet hôpital est essentiel à notre région. Son bon fonctionnement est une condition de survie pour les habitants de la Crète et du sud de la Grèce », préviennent les médecins mobilisé.e.s.

Un service central, à bout de souffle

Le service de pneumologie joue un rôle crucial : de garde un jour sur deux, il couvre toute la 7e régie sanitaire, y compris les îles. Il prend en charge des cas complexes et propose des consultations spécialisées pour les troubles du sommeil, les maladies rares et la tuberculose. Sans ce service, impossible d’évaluer les patients avant une opération. Leur démission laisse un vide inquiétant.

Un hôpital qui fonctionne à flux tendu

« Voici un aperçu de la situation dans les autres services :

  • Imagerie (scanner, IRM) : En sous-effectif chronique. Les gardes sont assurées par des médecins venus de l’hôpital universitaire voisin (PAGNI), et les rendez-vous sont restreints.
  • Anesthésie : Toujours assurée par un seul médecin détaché d’un autre hôpital public. Des praticiens privés viennent en renfort ponctuellement pour les interventions du matin.
  • Radiologie : Les techniciens manquent cruellement. Trois à quatre départs sont déjà annoncés pour 2025. Les demandes explosent, entre urgences, soins intensifs et blocs opératoires.
  • Blocs opératoires : Trois salles fermées. Les patients attendent des mois, parfois bien plus, pour une intervention.
  • Réanimation : Trois lits inutilisables faute de personnel. Six postes de médecins spécialisés sont vacants. L’appel à candidatures récent ne prévoit même pas de poste pour un médecin interniste, risquant de rester lettre morte.
  • Cardiologie interventionnelle : À l’arrêt depuis 18 mois, faute d’infirmiers.
  • Personnel infirmier : Il manque au moins 60 personnes. Plus de 20 000 jours de congés et de repos non pris.
  • Entretien et repas : Les agents sous contrat n’ont pas été intégrés. À la place, un prestataire privé a été mandaté, au détriment de la qualité et du budget.
  • Médecins déplacés : Des praticiens venus de Réthymnon doivent se déplacer en car, sans même recevoir une indemnité complète.
  • Contrôles de façade : Alors que l’hôpital souffre à tous les niveaux, il est en parallèle audité par l’ODIPY (organisme de contrôle qualité du ministère de la Santé), censé garantir l’amélioration des soins. »

Un appel à la mobilisation

« Le Venizelio est un pilier pour notre territoire. Sa survie ne peut pas être laissée au hasard. Il faut des décisions immédiates, des réponses concrètes. Assez de rustines, assez de promesses non tenues. »

Le personnel hospitalier appelle la population, les institutions et toutes les parties concernées à se mobiliser pour exiger :

  • Des recrutements immédiats,

  • La titularisation de tous les contractuels,

  • Le renforcement, et non le démantèlement, du système public de santé.

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