
Parmi les manquements les plus notables : des restrictions d’âge pour changer de prénom, l’absence de plan d’action national, et l’inexistence d’un cadre juridique reconnaissant la parentalité des personnes trans et non binaires.
Sur les réseaux sociaux, l’organisation à l’origine du rapport souligne que « le recul des droits des personnes trans ne concerne pas uniquement les communautés trans – il reflète une crise plus large des droits fondamentaux et de la démocratie dans la région. Alors que les personnes trans luttent pour l’autonomie de leur corps et de leur identité, c’est toute l’Europe qui vacille dans sa propre définition d’elle-même ».
Le rapport met également en lumière les discriminations multiples que subissent les personnes trans, en particulier celles qui sont aussi marginalisées en raison de leur origine, de leur classe sociale, d’un handicap, de leur statut de migrant.e, de leur séropositivité ou d’autres expériences de vie croisées. Le constat est sans appel : leurs droits et libertés fondamentales sont menacés à un rythme alarmant.
La situation en Grèce : avancées partielles, retards persistants
Si la Grèce n’est pas parmi les pays les plus répressifs sur le plan institutionnel, elle reste à la traîne sur la reconnaissance et la protection des personnes trans.
Le cadre légal actuel autorise la reconnaissance juridique du genre, et il est possible de changer de prénom – mais uniquement sous certaines conditions, avec notamment une limite d’âge toujours en vigueur.
À noter toutefois que la Grèce ne requiert pas :
- de diagnostic psychiatrique ;
- d’intervention médicale ou chirurgicale obligatoire ;
- de stérilisation ;
- ni l’obligation de divorcer en cas de mariage pour faire reconnaître un changement de genre.
La législation prévoit également des procédures de reconnaissance de genre pour les mineur.e.s – une avancée notable, même si partielle.
Mais des lacunes importantes subsistent : la reconnaissance des identités non binaires est absente du droit grec. Autrement dit, le pays ne garantit pas le droit fondamental à l’autodétermination du genre. De plus, aucune procédure n’existe pour permettre la reconnaissance du genre des personnes trans réfugiées, alors même que l’identité de genre peut justifier une demande d’asile.
Lutte contre les discriminations : des lois en place, mais peu d’impact concret
En théorie, la Grèce interdit les discriminations liées à l’identité de genre dans l’emploi, l’éducation, le logement, la santé et l’accès aux biens et services. Elle dispose également d’un organisme pour l’égalité et protège l’expression de genre par la loi.
Mais dans les faits, l’absence de plan d’action national dédié à l’égalité des personnes trans limite fortement la portée de ces dispositions. Sans stratégie claire pour lutter contre les discours haineux, l’exclusion ou les inégalités structurelles, ces lois restent largement symboliques.
Santé et droits familiaux : de grandes lacunes
Sur le plan de la santé, la Grèce répond à un seul des deux critères majeurs identifiés par l’organisation : les pratiques de conversion sont interdites. Ces « thérapies » visant à forcer une personne à changer ou réprimer son identité de genre sont donc proscrites.
En revanche, les identités trans ne sont pas encore totalement dépathologisées dans le système de santé grec. Être trans reste, dans une certaine mesure, considéré comme un trouble médical – une approche vivement critiquée par les instances internationales de défense des droits humains.
Le domaine du droit familial révèle un vide encore plus préoccupant : la Grèce ne reconnaît ni la parentalité trans, ni la parentalité non binaire. Cela laisse de nombreuses familles dans une insécurité juridique totale, contribuant à une invisibilisation systémique des personnes trans dans la législation familiale.
Dans le reste de l’Europe et de l’Asie centrale
Selon le rapport de la Carte des Droits des Personnes Trans, seules 33 pays interdisent aujourd’hui les discriminations fondées sur l’identité de genre dans l’emploi ; elles étaient 35 en 2024. Même tendance en matière de santé : 26 pays assurent une protection contre les discriminations dans ce domaine, contre 28 l’an dernier.
Quelques chiffres clés supplémentaires :
- 29 pays protègent désormais les personnes trans contre les discriminations à l’école, contre 31 en 2024 ;
- 28 pays interdisent les discriminations dans l’accès aux biens et services (contre 30 en 2024) ;
- 24 pays offrent une protection dans le domaine du logement (contre 25 précédemment).
- 30 pays disposent d’un organisme officiel chargé de l’égalité (ils étaient 31) ;
- 10 pays ont adopté un plan d’action pour l’égalité des personnes trans – un chiffre stable par rapport à 2024.
- 17 pays interdisent explicitement les discriminations fondées sur l’expression de genre.
Par ailleurs, seuls deux pays – l’Islande et Malte – ont pleinement dépathologisé les identités trans. Enfin, à peine 10 pays interdisent encore les pratiques de « conversion » visant à modifier ou supprimer l’identité de genre.
12 pays exigent encore la stérilisation pour reconnaître légalement un changement de genre, et seulement 19 interdisent les discours de haine visant les personnes trans.
La Grèce n’est pas parmi les pays les plus restrictifs, mais l’absence de réformes progressistes la maintient derrière les États plus inclusifs.
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