Enquête parlementaire sur Tempé : l’opposition quitte la séance, accusant le gouvernement d’orchestrer la procédure pour se protéger

Les partis politiques SYRIZA, PASOK, KKE et la Nouvelle Gauche ont quitté la réunion de la commission d’enquête parlementaire sur la gestion de la catastrophe ferroviaire de Tempé, accusant le gouvernement de manipuler la procédure pour éviter une enquête approfondie. Les partis d’opposition ont dénoncé la majorité au pouvoir pour avoir rejeté leur demande de convocation de témoins supplémentaires avant d’auditionner l’ancien vice-ministre Christos Triantopoulos, ce qui revenait à écourter l’enquête avant même qu’elle ne commence réellement.
L’opposition quitte la séance après le refus d’auditionner des témoins clés
Les député.e.s de l’opposition ont quitté la salle de réunion de la commission juste avant le vote sur la convocation de Triantopoulos, une proposition déposée par les députés.e.s de la Nouvelle Démocratie, le parti au pouvoir. La majorité gouvernementale venait de rejeter les demandes de l’opposition pour convoquer d’autres témoins clés en priorité, y compris le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. En conséquence, tous les partis de l’opposition—à l’exception des Spartiates et du Cap sur la Liberté—ont refusé de participer au vote, dénonçant une approche « antidémocratique » du parti au pouvoir. Finalement, Triantopoulos sera entendu par la commission le lundi 24 mars, uniquement grâce aux votes des député.e.s de la majorité.
Triantopoulos avait précédemment demandé que son dossier concernant la prétendue dissimulation de preuves sur le site de la catastrophe ferroviaire de Tempé soit directement transmis au conseil judiciaire, contournant ainsi l’enquête parlementaire. Cette initiative avait déjà suscité l’indignation des partis d’opposition, qui accusent le gouvernement de protéger Mitsotakis d’un examen approfondi.
SYRIZA : « Un mépris absolue pour la Constitution et la loi »
Les députés de SYRIZA, Vasilis Kokkalis et Giorgos Gavrilos, ont dénoncé la procédure en déclarant :
« C’est un mépris absolue pour la Constitution et de la loi. Le parti au pouvoir a refusé de convoquer les témoins que nous avons proposés, y compris le Premier ministre, et a même refusé l’accès au dossier de l’affaire de Tempé sous l’instruction du procureur de Larissa. À la place, ils convoquent sélectivement M. Triantopoulos en ignorant les procédures légales. Nous refusons de participer à ce simulacre d’enquête. »
KKE : « Une nouvelle tentative de dissimulation du crime de Tempé par le gouvernement »
Le député du Parti communiste grec (KKE), Nikos Karathanasopoulos, a accusé le gouvernement d’organiser une nouvelle tentative de dissimulation des causes et des responsabilités liées à la catastrophe ferroviaire de Tempé. Il a dénoncé les efforts du gouvernement pour restreindre l’enquête à des infractions mineures, en évitant d’aborder la question essentielle : comment deux trains ont-ils pu circuler sur la même voie, menant à la collision mortelle ?
Il a également soutenu que, au-delà de l’examen de la responsabilité de Triantopoulos pour manquement au devoir, l’enquête devait aussi se pencher sur une possible entrave à la justice, une infraction plus grave selon la législation grecque. Karathanasopoulos a en outre affirmé que Mitsotakis devait répondre de son ingérence dans le processus judiciaire, notamment à travers une lettre envoyée le 6 mars 2023 au procureur de la Cour suprême de Grèce, qui pourrait être interprétée comme une influence illégitime.
Il a averti que le véritable objectif du gouvernement était d’enterrer prématurément l’enquête afin d’empêcher l’audition de témoins clés, d’experts et de responsables, et ainsi étouffer les preuves. Il a également critiqué le cadre juridique actuel, qui, selon lui, offre une protection excessive aux ministres, leur permettant d’échapper à leurs responsabilités. Il a appelé à l’abolition de l’article 86 de la Constitution grecque, qui régit la responsabilité ministérielle et mène souvent à un traitement indulgent des responsables politiques.
Nouvelle Gauche : « Les manœuvres de Mitsotakis sapent la légitimité constitutionnelle »
Dimitris Tzanakopoulos, représentant de la Nouvelle Gauche, a accusé le Premier ministre de bafouer la légalité constitutionnelle :
« La session d’aujourd’hui a confirmé nos pires craintes. La soit-disant autocritique de Mitsotakis sur l’enquête de Tempé n’était qu’une imposture. Au lieu de permettre une enquête sérieuse, le gouvernement accélère l’étouffement de l’affaire et sabote le contrôle constitutionnel. »
Il a également critiqué le président de la commission, le député de la Nouvelle Démocratie M. Kappatos, l’accusant d’orchestrer une « fermeture préméditée » des travaux de la commission :
« Aucun témoin n’est entendu, aucun document n’est examiné, aucune action d’enquête n’est menée. Cette obstruction délibérée pourrait même aboutir à l’annulation des poursuites pénales. Les députés de la majorité ont agi comme de simples exécutants du plan de Mitsotakis. Leur rôle dans cette tentative de dissimulation les rend complices sur le plan politique, et peut-être même sur le plan juridique. Des suites sont à prévoir. »
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