Le Conseil d’État grec a annulé l'amende de 40 000 euros infligée à la Nouvelle Démocratie, le parti au pouvoir, dans l’affaire de la fuite massive d’emails d’électeur.rice.s expatrié.e.s, utilisés sans leur consentement à des fins de propagande électorale. La plus haute juridiction administrative du pays a estimé que l’Autorité de protection des données n’avait pas suffisamment motivé sa décision.

Cette affaire, révélée à l’approche des élections européennes de 2024, avait déclenché un tollé : des milliers de ressortissant.e.s grec.que.s installé.e.s à l’étranger, inscrit.e.s pour voter par correspondance, avaient reçu des courriels promotionnels envoyés par l’eurodéputée sortante Anna-Michelle Asimakopoulou, candidate de la Nouvelle Démocratie. Les destinataires n’avaient pourtant jamais communiqué leur adresse à la candidate, ni donné leur accord pour l’utilisation de leurs données personnelles.

Si le parti est désormais exempté de toute sanction, ce n’est pas le cas d’Asimakopoulou, ni de deux cadres de la formation : Nikos Theodoropoulos et Menios Koromilas. La première écope d’une amende de 40 000 euros, les deux autres de 10 000 euros chacun.

Outre la Nouvelle Démocratie, le ministère de l’Intérieur avait lui aussi été visé par l’Autorité de protection des données, qui lui avait infligé une amende record de 400 000 euros pour son rôle dans la gestion défaillante des données du fichier électoral des expatriés.

Avocat de plusieurs plaignant.e.s, Me Vasilis Sotiropoulos affirme avoir déposé plus de 140 recours devant le tribunal administratif d’Athènes, des procédures individuelles ou conjointes auxquelles devraient s’ajouter de nouvelles actions. Les victimes réclament réparation pour le préjudice moral subi, après l’utilisation abusive de leurs données personnelles à des fins partisanes.

Interrogée sur sa responsabilité, Anna-Michelle Asimakopoulou ne fait aucun mea culpa :

« On vit à l’ère numérique : comment voulez-vous qu’on fasse campagne ? » s’est-elle justifiée, ironisant sur le fait qu’elle aurait tout aussi bien pu « prendre un mégaphone et aller en Australie chercher des électeurs grecs ».

L’ancienne eurodéputée estime avoir déjà payé payé un « prix élevé » pour cette affaire, accusant ses critiques d’avoir exploité la situation pour attaquer Nouvelle Démocratie et le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. Elle a été écartée de la liste de la Nouvelle Démocratie pour les élections européennes à la suite du scandale.

De son côté, le parti continue de nier toute implication directe, affirmant n’avoir jamais eu connaissance des modalités d’obtention ou d’utilisation de ces données sensibles.

______________________________________________

Recherchez-vous des actualités depuis la Grèce présentées sous un angle progressiste et différent des médias dominants ? Faites un don mensuel ou annuel pour soutenir TPP International dans sa mission de fournir un journalisme indépendant en français. Ne laissez pas les voix progressistes grecques disparaître.

Pensez à préciser « TPP International » et votre numéro de commande comme motif du paiement.