« Ce que nous voyons en Grèce, c’est ce que nous aimerions voir partout », a déclaré Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international, à propos de la situation budgétaire actuelle du pays. Un enthousiasme assumé, mais qui fait totalement abstraction des blessures profondes que l’austérité a infligées à la population, notamment une perte massive de pouvoir d’achat sur les quinze dernières années. Le ministre grec des Finances, Kyriakos Pierrakakis, a adopté un ton similaire, se félicitant du redressement économique de la Grèce. Lui non plus n’a évoqué ni les difficultés du quotidien, ni les inégalités qui persistent. « Le pays a tourné la page d’une décennie difficil  », a-t-il déclaré, sans même faire semblant de reconnaître les réalités vécues par la majorité des citoyen.ne.s ; évitant même les habituelles formules de compassion que le gouvernement utilise, reconnaissant « ceux qui souffrent ».

« Aujourd’hui, les représentants du FMI parlent de la Grèce en termes positifs. Ce n’était pas le cas il y a quelques années. Je suis ici pour représenter un peuple fier, qui a tenu bon », a affirmé Pierrakakis. Il s’est contenté de rappeler que « des efforts restent à faire pour soutenir les citoyens, saisir les opportunités et moderniser l’État ».

D’après l’agence de presse grecque, la rencontre entre Georgieva et Pierrakakis s’est tenue à Washington, en marge des réunions de printemps du FMI. À l’issue de l’échange, la cheffe du FMI a salué les progrès accomplis par la Grèce, estimant que le pays affichait désormais certains des meilleurs indicateurs économiques de toute l’Union européenne.

« Ce que nous observons en Grèce devrait servir de modèle. La croissance y est supérieure à la moyenne européenne. Le pays est passé d’un déficit à un excédent. Et surtout, il avance avec des réformes structurelles qui le rendent plus résilient face aux chocs à répétition. Une économie plus solide, au service des Grecs », a-t-elle souligné.

Elle a également vanté les efforts de numérisation, en expliquant que les nouvelles technologies permettaient de rendre les services publics plus efficaces et plus transparents, tout en réduisant les risques de corruption.

Pierrakakis, de son côté, a surtout insisté sur la transformation de l’image du pays, autrefois perçu comme un cas d’école de crise budgétaire. Mais il a soigneusement évité d’évoquer les éléments qui viennent ternir le tableau, comme la flambée du coût de la vie ou l’affaiblissement du pouvoir d’achat.

« Nous sommes ici, au siège du FMI, aux côtés de Mme la directrice générale, quinze ans après le début d’une crise économique sans précédent. Le pays a traversé cette période sombre. Nous sommes revenus à la croissance, à l’ouverture. Grâce aux efforts fournis et aux réformes engagées, nous avons regagné la confiance des marchés et des investisseurs. Aujourd’hui, on parle à nouveau de la Grèce avec respect. Je suis ici pour porter la voix d’un pays digne, d’un peuple qui s’est relevé », a-t-il conclu.

Il a toutefois reconnu que des efforts restaient nécessaires pour accompagner les citoyens, créer de nouvelles dynamiques et moderniser les services publics.

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