La Grèce durcit sa politique migratoire : expulsion ou détention pour les sans-papiers

Le ministre grec des Migrations, Makis Voridis, a annoncé une nouvelle ligne dure du gouvernement en matière de politique migratoire. Selon lui, toute personne sans papiers sur le territoire devra être renvoyée dans son pays d’origine, faute de quoi elle sera privée de sa liberté – une menace qui oscille entre détention administrative et poursuites pénales.
« Toute personne présente illégalement sur le territoire sera renvoyée. Si elle refuse, elle sera privée de sa liberté », a-t-il affirmé lors d’une interview radio. Une déclaration qui ne laisse guère de place à l’ambiguïté, à l’heure où le gouvernement revendique le renvoi de 170 demandeur.euse.s d’asile en seulement deux semaines, depuis le début du mois d’avril.
Le ministre a également évoqué une décision récente du Conseil d’État qui annulait un arrêté ministériel qualifiant la Turquie de « pays tiers sûr », ce qui compliquait le rejet automatique des demandes d’asile de personnes arrivant depuis ce pays. « La conséquence, c’est qu’on ne peut plus rejeter systématiquement ces demandes. Il faut désormais les examiner au cas par cas », a-t-il reconnu. En réponse, le ministre affirme avoir aussitôt fait adopter une nouvelle décision rétablissant la Turquie comme pays sûr, cette fois avec des « justifications » formelles.
Mais c’est surtout la méthode prônée pour « inciter » les demandeur.euse.s d’asile à quitter le pays qui soulève question.
« Comment les amener à vouloir rentrer chez eux ? Si on leur demande gentiment s’ils veulent rentrer chez eux, ils diront sans doute non », concède-t-il. « Mais si on leur explique qu’ils sont là illégalement, qu’ils ne peuvent donc pas circuler librement, et qu’ils seront placés en rétention, voire poursuivis pénalement pour entrée et séjour illégaux, alors peut-être qu’ils y réfléchiront à deux fois. »
Lorsqu’on l’interroge sur la possibilité de construire des centres de détention supplémentaires, voire des prisons, il reste flou :
« On verra bien ce qu’il faudra construire. Mais si en parallèle on dit à quelqu’un : “Vous êtes en infraction, vous perdez votre liberté. Peut-être que vous préférerez finalement acheter un billet et rentrer chez vous”, on peut imaginer que certains changeront d’avis. »
Le message est clair :
« Quiconque se trouve ici illégalement doit partir. Pas légalement en Grèce ? Qu’il aille où bon lui semble. »
Enfin, interrogé sur l’éventualité d’élections anticipées, le ministre s’est contenté d’un rappel de la stratégie gouvernementale : « Nous irons devant les électeurs avec notre bilan. Ce que nous avons promis, ce que nous avons fait. C’est sur ça que nous serons jugés. »
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