En juin 2020, Vasilis Maggos a décrit depuis son lit d’hôpital, dans une publication Facebook, sa détention arbitraire, les coups violents et la torture infligés par la police de Volos. Le 14 juin 2020, Maggos avait participé à une manifestation devant le tribunal de Volos, en solidarité avec les personnes inculpées suite à la manifestation du jour précédent contre l’usine d’incinération des déchets, où plusieurs ont été blessés et des arrestations avaient eu lieu. Près d’un mois plus tard, il a été retrouvé mort chez lui, suscitant une vague d’indignation publique et des interrogations sur les dérives de la police. Cette affaire est devenu symbole des actes d'abus policiers et de l’impunité systémique au sein des forces de l’ordre grecques.
Les accusations recommandées par le procureur
Selon une déclaration de Yiannis Maggos, le père de Vasilis Maggos, les charges retenues par le procureur contre les agents de la police incluent :
- Torture à des fins punitives – un crime passible de lourdes peines.
- Blessures corporelles graves par complicité – infliger intentionnellement des blessures et nuire à la santé.
- Exposition au danger – ne pas avoir empêché un préjudice malgré une obligation légale de le faire.
- Détention illégale – priver Maggos de sa liberté de mouvement de manière injustifiée.
Le procureur a estimé qu’il existe des preuves substantielles pour soutenir ces accusations et a recommandé que les agents de la police soient traduits devant la Cour d’assise mixte de la Cour d’appel de Larissa. Il a également proposé de maintenir les restrictions initialement imposées aux accusés, telles qu’une interdiction de voyager et des garanties financières.
Évolutions clés de l’affaire
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Le rapport de l’Ombudsman grec en 2021 a marqué un tournant dans l’affaire en mettant en lumière des fautes graves de la police. Ce rapport, intégré dans le rapport annuel spécial sur les violences policières, a permis de révéler de nouveaux éléments à charge contre les policiers concernés.
- En février 2023, à la suite d’un recours de la famille de Maggos, le procureur près de la Cour l’appel de Larissa a ordonné une enquête complémentaire sur les agissements présumés des policiers.
20 janvier 2025 : Les trois policiers devant le Tribunal correctionnel de Volos
Le 20 janvier 2025, trois des agents de la police accusés ont comparu devant le Tribunal correctionnel de Volos pour des charges liées à des blessures corporelles graves par complicité. Ces mêmes policiers, ainsi que trois autres, font également face à des accusations de crimes dans un procès distinct devant la Cour d’assises mixte de Larissa, en attendant la décision du Conseil du tribunal correctionnel.
La famille de Maggos a demandé un report du procès, souhaitant que les affaires soient liées au procès pour crimes à venir. Cette demande a été rejetée par le procureur, qui a estimé que les procès devaient se dérouler séparément.
Témoignage de Yiannis Maggos, le père de Vasilis :
Yiannis Maggos a décrit l’état épouvantable de son fils après les tortures subies : « replié sur lui-même, incapable de se tenir debout ou de respirer correctement ». Son fils lui a raconté qu’il avait été frappé à coups de matraque et qu’on lui avait donné des coups de pied alors qu’il était à terre. Au tribunal, le témoignage du père a été mis en doute par l’avocat de la défense des policiers, qui a suggéré que Vasilis avait provoqué les agents.
En parallèle, des manifestations ont eu lieu devant le tribunal de Volos, en soutien à la famille Maggos, appelant à la justice et à la responsabilité des autorités. Les manifestant.e.s ont aussi dénoncé le maire de Volos et l’entreprise AGET, responsable pour l’incinération des déchets à Volos, en établissant un lien entre la mort de Vasilis et son engagement contre la pollution environnementale.
27 janvier 2025 : la suite du procès
Le 27 janvier 2025, la procédure judiciaire concernant l’affaire de Vasilis Maggos a continué devant le tribunal, avec des témoignages cruciaux de médecins légistes. Le premier expert, Dimitris Galenteris, choisi comme consultant technique par la famille de Maggos, a analysé les blessures de Vasilis, confirmant que les traumatismes datent de quelques heures avant son transfert à l’hôpital. Ce témoignage a été qualifié de « décisif » par le père de Vasilis qui a souligné que le médecin légiste a démantelé tous les arguments de la défense des policiers et a prouvé scientifiquement que Vasilis avait été frappé le 14 juin 2020, devant le tribunal, avant d’être torturé en détention.
Dimitris Galenteris a expliqué que les blessures de Vasilis étaient récentes, n’ayant pas pu se produire la veille, car elles étaient en cours d’évolution au moment de son hospitalisation. Les examens d’imagerie ont révélé des hémorragies internes, indiquant que les blessures étaient bien récentes. Cela contredit l’argument de la défense qui tentait de faire croire que les blessures dataient d’avant l’incident.
Un autre point soulevé par la défense des policiers était l’absence d’enregistrement détaillé des blessures aux urgences, ce à quoi le Dr Galenteris a répondu que les blessures extérieures ne sont généralement pas bien documentées dans les urgences, où l’on privilégie la stabilisation de l’état de santé du patient plutôt que la documentation minutieuse des lésions. Il a insisté sur le fait que seules les analyses d’un médecin légiste dans un cadre judiciaire peuvent fournir un rapport complet et détaillé.
« Le témoignage de Galenteris a été soutenu par un contre-interrogatoire mené avec l’experte choisi par les agents de la police. Il faut se rappeler que dans le registre de la police du jour de l’incident il a était précisé que Vasilis était connu pour sa participation à la manifestation de la veille, pour ses publications sur des sites web anarchistes et pour son appartenance à des groupes militants. Les policiers eux-mêmes ont avoué l’avoir ciblé », souligne Yiannis Maggos.