Le gouvernement grec est sous le feu des critiques des partis d’opposition, qui l’accusent d’avoir mis en place un véritable appareil de « discrédit et d’intimidation », à la suite de révélations sur les liens étroits entre l'« Équipe Vérité », une cellule médiatique pro-gouvernementale, et une société privée, Blue Skies, détenue par des personnalités proches du parti au pouvoir, la Nouvelle Démocratie (ND).

Une collaboration étroite entre la « Truth Team » et Blue Skies

Selon une enquête du média Inside Story, Blue Skies, dirigée par Thomas Varvitsiotis et Yiannis Olympios, collabore avec l’« Équipe Vérité » depuis 2018. Cette société, très liée à la ND, emploie également des figures clés de la communication et de la stratégie gouvernementales.

  • Contexte:  Blue Skies est cofondée par Thomas Varvitsiotis (fils de l’ancien ministre Giannis Varvitsiotis) et Yiannis Olympios, tous deux également actifs au sein de V+O, l’une des principales agences de communication en Grèce.
  • Poids politique : Varvitsiotis et Olympios ont joué un rôle important dans plusieurs campagnes électorales de la ND, avec une forte influence sur les sphères médiatiques et stratégiques.

Le rôle de l’« Équipe Vérité » dans la communication politique

L’« Équipe Vérité » est décrite comme un levier central de la défense du gouvernement et de la promotion du récit de la ND, en particulier en période de crise. Elle prend souvent les devants pour orienter l’opinion publique, parfois avant même que les médias traditionnels ne réagissent. Elle a été accusée par d’autres médias de diffuser de fausses informations, de manipuler les faits et d’utiliser des images ou vidéos retouchées.

  • Ressources humaines : Parmi les personnes travaillant pour Blue Skies figurent Kimonas Benos et Kostas Doganis, deux figures centrales de l’« Équipe Vérité ».

L’article d’Inside Story décrit une machine numérique bien huilée, dont la mission principale est de protéger le gouvernement et le Premier ministre, surtout en temps de crise. Qu’il s’agisse de la catastrophe ferroviaire de Tempé, du scandale des écoutes, de la « crise migratoire » à Evros ou du naufrage de Pylos, l’« Équipe Vérité » n’a pas simplement répondu : « elle a façonné le récit avant même que les questions ne soient posées. »

« Ce qui frappe dans ces révélations, c’est que l’équipe de communication centrale du parti ne se contente pas d’agir en phase avec la ND : elle est employée par une entreprise privée étroitement liée à ce même parti. »

La défense officielle

Face aux accusations, le porte-parole du gouvernement, Pavlos Marinakis, a défendu l’« Équipe Vérité » en rejetant toute allégation de « sapage de réputation ». Il a souligné l’importance d’avoir des équipes capables de contrer la désinformation et de défendre la position gouvernementale. Selon lui, l’opposition chercherait simplement à étouffer les voix en défense du gouvernement.

Le ministre Adonis Georgiadis est allé plus loin, saluant le travail de la cellule :

« Leur rôle dans la défense de la vérité et la réponse à la propagande de nos adversaires a été historique. Leur impact rivalise, voire dépasse, celui des médias traditionnels. »

Il a également remercié Varvitsiotis et Olympios pour leur « professionnalisme et leur talent », bien que ces derniers aient nié tout lien formel avec la ND dans l’enquête d’Inside Story.

Vives réactions de l’opposition

SYRIZA : Le parti d’opposition a dénoncé le rôle de l’« Équipe Vérité » dans la manipulation de l’opinion publique et l’atteinte à la démocratie.

« Acculée et démasquée en tant qu’appareil de diffamation de la ND, l’« Équipe Vérité » se tourne désormais vers la justice. Ils ont déjà tenté cette tactique contre notre députée Elena Akrita, et ils ont échoué. Ce sera encore un échec. »

PASOK : Le parti centriste a lui aussi vivement critiqué les pratiques du gouvernement, qu’il accuse d’utiliser la propagande pour intimider ses adversaires politiques et étouffer toute dissidence.

« Marinakis a en réalité confirmé les liens structurels entre l’« Équipe Vérité » et la ND. Il a avoué une collusion entre parti au pouvoir, agences de publicité et société privée. Sa défense se résume à dire : ‘des citoyens privés paient d’autres citoyens privés pour salir les opposants’. »

Poursuites judiciaires et riposte médiatique

« Nous devons également répondre à ceux qui cherchent, de manière coordonnée, à nous associer à des comptes anonymes sur les réseaux sociaux avec lesquels nous n’avons absolument aucun lien. Nous réaffirmons une fois encore que tout ce que nous avons à dire, nous le disons publiquement, à visage découvert, par les canaux officiels de notre média », a-t-on déclaré.

Face aux critiques, l’« Équipe Vérité » a annoncé qu’elle allait engager des poursuites contre certaines personnalités politiques ayant formulé des accusations à son encontre.

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