Le Parlement grec renvoie l’ex-ministre Triantopoulos devant la justice pour son implication dans l’affaire de Tempé

Le Parlement grec a voté pour renvoyer l'ex-ministre adjoint au Premier ministre, Christos Triantopoulos, devant le Conseil judiciaire pour une éventuelle poursuite en raison de fautes commises dans l'exercice de ses fonctions. La motion a été adoptée par 190 voix pour sur 200 député.e.s participant.e.s, avec le soutien du parti au pouvoir, Nouvelle Démocratie (ND), et du PASOK. Le parti Cap sur la Liberté a voté contre. Le vote a eu lieu après une séance parlementaire tendue, marquée par de nombreux départs et des accusations de violations de la Constitution.
Pour rappel, l’ex-secrétaire d’État est accusé par l’association des familles des victimes de Tempé et par l’opposition d’avoir été impliqué dans la tentative de dissimulation d’éléménts de preuve dans la scène de crime à Tempé. Triantopoulos avait demandé un renvoi immédiat devant le Conseil judiciaire, contournant ainsi la commission d’enquête du Parlement, afin que celui-ci décide s’il doit être jugé par une cour spéciale.
Un total de 200 député.e.s ont pris part au vote par bulletin secret, tandis que 100 parlementaires se sont abstenus, dont ceux de SYRIZA, du Parti Communiste de Grèce (KKE), de Solution grecque, de la Nouvelle Gauche, de Niki, des Spartiates et plusieurs indépendant.e.s. Ces partis ont choisi de ne pas légitimer le processus par leur présence ou leur vote.
La suite
À la suite du vote, l’étape suivante sera la sélection des membres du Conseil judiciaire, qui examinera si l’affaire mérite un procès formel. Cette sélection aura lieu lors d’une session publique du Parlement après les vanaces de Pâques. Le président du Parlement tirera au sort cinq membres réguliers et cinq membres suppléants pour former le Conseil.
Des tensions éclatent au Parlement
Le débat précédant le vote a été houleux, durant plus de neuf heures. Le leader de SYRIZA, Socrates Famellos, a décrit les procédures comme un « nouveau coup d’État depuis la présidence », affirmant que le processus était inconstitutionnel et qu’il aurait dû être renvoyé à la commission préliminaire pour une enquête approfondie.
Famellos a soutenu que le Parlement avait omis des étapes légales cruciales, accusant la majorité de refuser d’entendre des témoins et de contourner la justice et la transparence, ce qui constituait une violation directe de la Constitution et des règles parlementaires.
Il a averti les député.e.s que leurs actions seraient sévèrement jugées, déclarant : « Aujourd’hui, vous décidez si vous allez valider un chapitre sombre, un abus de justice et de vérité, orchestré par le parti au pouvoir et le Premier ministre lui-même. »
Riposte du gouvernement
Le ministre de la Justice, Giorgos Floridis, a réagi en accusant l’opposition d’hypocrisie, affirmant que les partis de l’opposition avaient ignoré le dossier de preuves détaillé qui leur avait été présenté et cherchaient maintenant à dépeindre le processus comme illégitime à des fins politiques.
« Vous ne pouvez pas échapper à la vérité », a déclaré Floridis. « Ce que le public verra, c’est que pendant plus d’un an, votre seul objectif était de tout dissimuler. »
Réaction de PASOK
Le chef de PASOK-KINAL, Nikos Androulakis, a critiqué le gouvernement, l’accusant de saper la démocratie et de jouer avec les institutions et la confiance du public. « Vous vous moquez de l’intelligence d’une nation entière », a-t-il déclaré.
Le représentant parlementaire de PASOK, Dimitris Mantzos, a souligné le rôle de son parti dans le lancement de l’enquête et a fustigé le parti au pouvoir pour ce qu’il a qualifié de raccourci inconstitutionnel. « La tâche de la justice est désormais plus difficile car le Parlement n’a pas suivi la procédure prévue par la Constitution », a-t-il déclaré.
Zoe Konstantopoulou : « Le processus est invalide »
La cheffe du Cap sur la liberté, Zoe Konstantopoulou, a également condamné la gestion de l’affaire, affirmant que le processus manquait de fondement juridique. « Il n’y a même pas eu de décision formelle de la Conférence des présidents du parlement pour programmer ce débat », a-t-elle dit.
Elle a accusé le gouvernement de s’employer à étouffer les responsabilités de Triantopoulos et a critiqué la fermeture abrupte de la commission préliminaire sans avoir correctement examiné les preuves ni entendu de témoins.
« C’est une grave violation de la Constitution et du droit pénal », a-t-elle déclaré, qualifiant cela de cas clair d’abus de pouvoir et de dépassement des pouvoirs parlementaires.
Réponse de Plevris, de la ND : « Les masques sont tombés »
En défense du gouvernement, le député de la Nouvelle Démocratie, Thanos Plevris, a accusé l’opposition d’utiliser l’affaire à des fins politiques étroites, déclarant que leurs véritables intentions avaient maintenant été exposées.
Le Parti Communiste de Grèce (KKE) : « Sous pression, le gouvernement a consenti à la formation de la commission préliminaire, en étant bien conscient de la façon dont elle serait abandonnée par la suite. »
Le représentant parlementaire du KKE, Thanasis Pafilis, a déclaré :
« Nous avons soumis des propositions détaillées pour l’audition de témoins, y compris du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. Le gouvernement a ignoré toutes ces propositions. À notre avis, cela prouve qu’il y a eu une manœuvre préméditée. Le gouvernement, effrayé par les énormes mobilisations populaires, a effectué une retraite tactique et a accepté de former la commission, tout en sachant d’avance qu’elle serait conclue par la suite. »
Il a ajouté :
« Nous pensons que l’affaire doit retourner à la commission préliminaire, où des témoins doivent être entendus, peu importe le temps que cela prendra, afin de déterminer les véritables causes de l’accident. »
Nouvelle Gauche : « Nous dénonçons la manipulation et la dissimulation »
La représentante parlementaire de la Nouvelle Gauche, Theopisti Perka, a annoncé que son parti se retirait également du vote.
Elle a déclaré :
« La Nouvelle Gauche restera dans le débat pour mettre en lumière les responsabilités du gouvernement et des députés de la Nouvelle Démocratie au pouvoir, que nous accusons de manipulations et de continuation de la dissimulation du crime de Tempé. »
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