Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a lancé un avertissement sévère aux enseignant.e.s en affirmant que celles et ceux qui refusent d’être évalué.e.s ne devraient pas faire partie du système éducatif. Cette déclaration a été faite après sa visite au ministère de l’Éducation.

« Si quelqu’un refuse d’être évalué de manière fondamentale, il n’a pas sa place dans le système éducatif », a affirmé Mitsotakis. Il a ajouté qu’il pourrait même envisager de licencier les enseignant.e.s opposé.e.s à l’évaluation.

« Nous avons discuté des progrès de l’évaluation des enseignants, et je pense qu’il est important d’être honnête : c’est un processus nouveau, et il n’a pas encore donné les résultats attendus », a-t-il reconnu.

Mitsotakis a été particulièrement direct en parlant de celles et ceux qui refusent l’évaluation.

« Notre position est claire, et l’orientation que j’ai donnée au ministère l’est également : si quelqu’un refuse catégoriquement d’être évalué, il ne doit pas avoir de place dans le système éducatif public », a-t-il insisté.

Le Premier ministre en a également profité pour mettre en avant certaines avancées dans le secteur de l’éducation.

« La situation dans nos écoles s’est améliorée. Depuis 2019, nous avons ajouté 39 000 enseignants permanents, intégré l’anglais dans les programmes des écoles maternelles, et mis en place 36 000 tableaux interactifs et des kits de robotique. Tout cela rend les écoles plus intéressantes, plus créatives et plus interactives », a-t-il souligné.

Il a aussi insisté sur le fait qu’il y avait des progrès importants dans la diversification des types d’écoles, citant la création d’écoles expérimentales et d’écoles publiques « Onassis », ainsi que le programme « Marietta Giannakou » de rénovation des établissements scolaires, avec des premiers projets qui devraient être livrés dès septembre.

« Je suis heureux d’apprendre que l’Institut de politique éducative envisage des propositions pour alléger le programme scolaire, en privilégiant la qualité plutôt que la quantité », a-t-il conclu.

SYRIZA réagit à la visite de Mitsotakis : « Il devrait avoir honte de l’état de l’éducation, pas faire des déclarations triomphantes »

Le parti d’opposition SYRIZA a vivement réagi aux propos de Mitsotakis.

« Il devrait avoir honte de l’état de l’éducation, plutôt que de se livrer à des déclarations triomphantes. M. Mitsotakis poursuit ses visites sans fond dans les ministères, annonçant des mesures qui montrent qu’il n’a aucun plan cohérent pour soutenir les piliers essentiels de l’État, comme l’éducation et la santé, à l’exception de servir les intérêts privés », a souligné le parti.

SYRIZA a également pointé plusieurs échecs du gouvernement, notamment le manque de soutien pour les écoles publiques, les problèmes d’infrastructure, la couverture insuffisante des postes d’enseignant.e.s, et les barrières imposées par la Moyenne Spéciale d’Admission, qui laisse des milliers d’élèves sans accès aux universités et entraîne des places vacantes dans les établissements publics. Le parti a aussi critiqué l’échec du système d’évaluation, le favoritisme dans les écoles publiques et les persécutions disciplinaires visant plus de 2 000 enseignant.e.s.

« Il n’a pas mentionné ces sujets parce que ce sont ses choix politiques », a conclu SYRIZA.

KKE : « Le Premier ministre mérite la mention très bien en mythologie »

Le Parti Communiste de Grèce (KKE) a également réagi de manière tranchée. « Le Premier ministre pourrait être évalué avec mention très bien en mythologie, puisqu’il affirme avoir vu une ‘amélioration’ dans les écoles grâce à l’introduction de ‘kits de robotique’ et de ‘tableaux interactifs’… En attendant, des milliers de suppléants doivent renouveler leurs contrats année après année pour combler les manques, même en cours d’année scolaire », a expliqué le bureau de presse du KKE.

Ils ont également souligné que la majorité des écoles rencontrent de graves problèmes d’infrastructure, avec seulement 5 % d’entre elles bénéficiant des programmes de rénovation des bâtiments. Le KKE a aussi critiqué le gouvernement pour la promotion d’un système scolaire « à deux vitesses », où l’accès à l’éducation est présenté comme une « opportunité », avec la création des « écoles Onassis » et la proposition déplacée de permettre aux élèves de choisir leur orientation professionnelle dès 15 ans.

« Ce qui dérange véritablement le gouvernement de la Nouvelle Démocratie, ce sont les luttes des enseignants, des parents et des élèves pour une éducation publique gratuite de qualité. C’est cette position fondamentale que défendent les enseignants, les parents et les élèves. Et c’est pour cela qu’ils rejettent les critères anti-pédagogiques de l’‘évaluation’ qui mesurent le travail des enseignants avec des critères réactionnaires fondés sur la recherche de sponsors », a conclu le KKE.

Enfin, le KKE a rappelé que les discours du gouvernement sur l’éducation, tant dans les écoles que dans les universités, sont constamment contredits par les faits.

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