Les personnels de la recherche des laboratoires de recherche et de l'enseignement supérieur appellent à une grève nationale de 24 heures le jeudi 29 mai. À l’initiative de plusieurs syndicats du secteur, cette mobilisation vise à exiger une augmentation des financements, la titularisation des postes vacants, la signature de conventions collectives, la fin des pratiques d’emploi discriminatoires, de meilleures conditions de travail, ainsi qu’un rééquilibrage des priorités de financement, en faveur des besoins sur le plan social plutôt que sur le plan militaire.

Un secteur en déclin

Selon la Fédération nationale des salarié.e.s des centres et fondations de recherche, le monde de la recherche en Grèce traverse une crise prolongée, marquée par un profond désengagement de l’État. Depuis des décennies, les centres de recherche et les universités fonctionnent avec des moyens dérisoires et des centaines de postes non pourvus. Près des deux tiers des travailleur.euse.s de la recherche sont employé.e.s sous contrat court, souvent mal rémunérés, sans sécurité de l’emploi. Les infrastructures sont vétustes, les moyens publics insuffisants, et les priorités politiques se tournent de plus en plus vers les intérêts privés et les technologies à double usage, reléguant au second plan la mission sociale de la recherche.

Liberté académique menacée

Les syndicats alertent également sur les atteintes croissantes à la liberté académique et à l’action syndicale. Ils accusent le gouvernement et certains médias de détourner l’attention de l’opinion publique en stigmatisant les universités publiques, en réprimant la liberté d’expression et l’engagement militant sur les campus. Ils évoquent notamment le cas d’un membre syndical agressé alors qu’il collait des affiches, puis faussement accusé d’avoir provoqué l’incident. D’autres membres ont reçu des menaces judiciaires pour avoir pris la parole publiquement, notamment lors de la Nuit européenne des chercheur.euse.s.

Argent public, intérêts privés

Le syndicat du personnel de la recherche et de l’enseignement supérieur dénonce une dérive beaucoup plus profonde : celle d’un secteur livré à l’arbitraire. Tandis que les budgets alloués à la santé, à l’éducation et à la protection sociale s’effondrent, les dépenses militaires explosent. Dans ce contexte, les syndicats critiquent vivement la participation de plusieurs établissements – dont les universités d’Athènes, de Patras, l’université technique de Crète, ainsi que les centres Demokritos, CERTH ou FORTH – au salon DEFEA (Defence Exhibition Athens), où 33 entreprises israéliennes ont présenté des armes utilisées contre les Palestiniens.

« Depuis quand la communauté scientifique grecque a-t-elle validé l’utilisation des infrastructures publiques pour le développement d’armes de destruction massive ? » interroge le syndicat. « Nous nous opposons fermement à toute recherche à visée militaire. »

Une précarité structurelle

Le quotidien des travailleur.euse.s de la recherche est marqué par l’instabilité : contrats précaires, salaires versés avec retard, absence de couverture sociale, hausse du coût de la vie, et rémunérations qui ne permettent pas de tenir jusqu’à la fin du mois. Même les fonctionnaires relevant du régime salarial unifié ne reçoivent que des hausses symboliques. Quant aux doctorant·es et boursier·ères, leurs allocations stagnent autour de 800 à 900 euros. La généralisation du travail sous statut de prestataire indépendant a fait disparaître les droits fondamentaux associés au salariat.

« L’excellence » : un scandale de plus

Les syndicats dénoncet aussi le gaspillage des fonds publics à travers des procédures de financement opaques, notamment dans le cadre du programme « Partenariats pour l’excellence en recherche ». Le processus manque cruellement de transparence et semble taillé sur mesure pour favoriser les initiés. Pendant ce temps, de nombreux.euses chercheur.euse.s attendent avec anxiété les résultats du programme « Fais confiance à tes étoiles », qui déterminera s’ils continueront à bénéficier d’un soutien financier.

Ce dysfonctionnement s’inscrit dans une crise plus large du financement public de la recherche : réductions et plafonnements à la Fondation hellénique pour la recherche et l’innovation (ELIDEK), récupérations de salaires versés par la Fondation des bourses d’État (IKY), retards chroniques de paiement pour les enseignant.e.s vacataires… autant de pratiques qui plongent les travailleur.euse.s du secteur dans la précarité et le découragement.

Le syndicat dénonce également d’autres dérives qu’il juge tout aussi choquantes :

« C’est un véritable scandale que des entreprises privées puissent opérer au sein même des universités publiques, en utilisant leurs infrastructures. C’est un scandale que des départements universitaires ferment les yeux sur les accusations répétées de harcèlement sexuel visant des enseignantes. C’est un scandale que de nombreux laboratoires fonctionnent dans des conditions dangereuses, mettant en péril la santé et la sécurité du personnel. »

Il appelle donc à ouvrir un vrai débat sur la notion de « sécurité » dans les établissements d’enseignement supérieur – un débat qui ne se limite pas à la surveillance policière, mais qui aborde les questions d’infrastructures, de sécurité incendie, et d’accès aux issues de secours.

« Le véritable danger, ce ne sont pas les mobilisations étudiantes : ce sont les logiques de rentabilité et les politiques gouvernementales qui sacrifient l’intérêt public au profit privé. »

Conventions collectives de travail : une revendication centrale

Au cœur de la mobilisation, une revendication fait consensus : la signature de conventions collectives de travail couvrant l’ensemble des personnels de la recherche et de l’enseignement supérieur.

« Une convention collective à l’échelle du secteur est essentielle pour garantir des conditions de travail dignes et décentes. Aujourd’hui, trois travailleurs sur quatre n’arrivent pas à couvrir leurs besoins fondamentaux. Mais ces conventions ne concerne pas seulement les salaires : elles visent à faire reconnaître notre travail, à assurer notre dignité, à nous redonner une voix. Sans elle, nous sommes isolés, jetables, réduits au silence, contraints de négocier seuls. Sans elle, la liberté académique étouffe. On ne peut pas réfléchir, questionner, chercher librement. »

Pour les syndicats, cette lutte dépasse les questions économiques. Elle est aussi politique, culturelle et profondément humaine :

« Il s’agit de défendre une science au service de la société. De redonner un sens au travail. Et de protéger le droit de s’exprimer. »

Mobilisations prévues

À Athènes, le rassemblement principal est prévu à 10h30 devant le ministère du Développement (5–7, rue Nikis, Syntagma). Une conférence de presse suivra à 13h30 au siège de l’Union des journalistes de la presse quotidienne d’Athènes (ESIEA), au 20, rue Akadimias, 1er étage.

Des manifestations auront également lieu dans plusieurs villes de Grèce :

  • Héraklion : 10h30, Centre des sciences et de la culture (FORTH), angle des rues Avérof et Zografou
  • Thessalonique : 10h30, bâtiment administratif, campus de l’Université Aristote
  • Patras : 10h30, bâtiment du rectorat, Université de Patras
  • Mytilène : 12h00, salle G, département d’environnement, colline Xénia

Maintenant traduis le moi en franaçis mais dans un langage fluide et naturel, de faon à ce qu’on ne capte pas qu’il s’agisse d’une traduction. Vraiment fait attention au langage utilisé, il faut qu’on pense qu’il a était écris dans un très bon et naturel français et non pas qu’il s’agisse d’un traduciton.