Le tribunal acquitte les membres de Rouvikonas poursuivis pour une banderole

Vingt-cinq membres du groupe anarchiste Rouvikonas ont été déclarés non coupables après leur interpellation lors d’une action symbolique menée à l’occasion des manifestations marquant les deux ans de la tragédie ferroviaire de Tempé. Les militant.e.s avaient pénétré dans les bureaux de Hellenic Train et déployé une banderole depuis le dernier étage du bâtiment.
Le tribunal a prononcé leur relaxe pour les chefs d’accusation liés à la perturbation de l’ordre public et à la détention et utilisation illégale de fumigènes. En revanche, dix-huit d’entre eux ont été condamnés à six mois de prison avec sursis pour avoir refusé de se soumettre à un relevé d’empreintes digitales. La peine est assortie d’un sursis de trois ans, ce qui la rend susceptible d’appel.
Le soutien des familles des victimes
Des proches de trois victimes de l’accident de Tempé ont pris la parole en faveur des prévenus, demandant au tribunal de rejeter la plainte déposée par Hellenic Train au sujet de la banderole.
« Cette plainte est une insulte », a déclaré Thodoris Eleftheriadis, dont la mère a péri dans l’accident. « On poursuit 25 personnes pour une banderole, alors que 57 personnes sont mortes et de nombreuses autres ont été blessées par la négligence de l’entreprise. Pour nous, familles de victimes, c’est profondément choquant. On veut les envoyer en prison pour une banderole, pendant que ceux qui ont causé 57 morts sont toujours libres. »
Maria Dolka, la mère d’Anastasia Papangeli, a elle aussi pris la parole : « Je remercie ces jeunes. Je suis venue ici en tant que mère, spontanément. J’ai ressenti une émotion immense en voyant cette banderole accrochée à Hellenic Train. Merci pour Anastasia, qui n’est plus là. Elle était magnifique, pleine de rêves, et on me l’a enlevée. Je vous en prie, acquittez-les. »
La sœur de Giannis Voutsinas, également victime de l’accident, a déclaré : « Cela fait deux ans que nous nous battons pour une chose simple : la justice. Nos proches ne reviendront pas. Ces 25 personnes ont grimpé sur un bâtiment pour accrocher une banderole disant “assassins”. Il n’y a eu aucune dégradation, personne n’a été blessé. Je vous demande de les libérer, en mémoire de mon frère et de toutes les autres victimes. Ces gens-là n’ont pas oublié. »
« Un geste symbolique »
À la barre, Giorgos Kalaitzidis, membre de Rouvikonas, a expliqué : « Cette action était une décision collective – un geste symbolique en mémoire des 57 victimes. Pourquoi avoir visé Hellenic Train ? Où vouliez-vous qu’on aille ? Cette entreprise a racheté les chemins de fer grecs pour une bouchée de pain. Elle avait les moyens d’éviter ce drame, et elle ne l’a pas fait. Et aujourd’hui, elle nous poursuit en justice. C’est incroyable qu’aucun responsable ne se soit demandé si c’était une bonne idée. Ça me dépasse. »
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