
Lors de la conférence de presse sur la Stratégie nationale pour la prévention et la lutte contre la violence et la délinquance des mineurs (2025-2030), plusieurs ministres du gouvernement Mitsotakis ont présenté un éventail de mesures. Si certains ont parlé d’« accompagnement », d’autres ont misé sur une approche nettement plus sécuritaire.
Le ministre du Numérique, Dimitris Papastergiou, a détaillé le fonctionnement de Kids Wallet, une nouvelle application destinée à « encadrer » l’usage du numérique par les mineurs. Présentée comme un outil innovant, elle regroupe trois fonctions principales : le contrôle parental, la vérification de l’âge, et une identité numérique pour mineur.e.s. Les parents pourront limiter l’accès à certaines applis ou sites, suivre le temps d’écran de leurs enfants, et s’assurer que l’accès à certains contenus soit bloqué pour les plus jeunes.
Papastergiou a insisté : l’outil n’est pas conçu pour espionner les enfants. « Il ne s’agit pas de lire leurs messages ou de pister leur navigation », a-t-il précisé, appelant les parents à ne pas franchir la ligne rouge de l’intrusion dans la vie privée.
De son côté, le ministre d’État Akis Skertsos a salué l’application comme une mesure « emblématique », affirmant que l’initiative visait à donner des moyens aux familles plutôt qu’à imposer un contrôle étatique. Il a notamment souligné que les enfants passaient entre 6 et 8 heures par jour devant un écran, s’exposant à de multiples risques, dont l’isolement social ou la perte de sommeil.
« Il s’agit de donner aux parents et aux adolescents une meilleure vue d’ensemble de leurs habitudes d’écran – non pas d’imposer un contrôle, mais de permettre un accompagnement. »
Mais cette approche dite « non répressive » a rapidement été contredite par les prises de parole des ministres de la Protection du citoyen, Michalis Chrisochoïdis, et de la Justice, Giorgos Floridis, qui ont, eux, déroulé une série de mesures policières et pénales.
Chrisochoïdis a mis en avant les centaines d’arrestations de parents, la présence régulière de policiers dans les lieux de regroupement de jeunes, et l’activation de l’application Safe Youth, censée permettre une intervention rapide des forces de l’ordre en cas de problème. Il s’est même félicité de l’intérêt porté par la Suède au modèle grec de surveillance dans les espaces sportifs.
Floridis, lui, a annoncé un durcissement des peines liées à la violence contre ou devant des mineur.e.s, ainsi que la création d’un nouveau délit de « recrutement de mineurs ». Il a aussi élargi la liste des crimes pouvant conduire des jeunes en centre de détention, tout en évoquant des mesures d’« insertion » comme l’obligation de participer à des activités culturelles.
Enfin, il a annoncé l’ouverture prochaine de nouvelles unités d’accueil pour enfants victimes (les « maisons de l’enfant ») dans plusieurs grandes villes, tout en affirmant que la Grèce jouera un rôle de premier plan dans la rédaction de la nouvelle Charte des droits de l’enfant du Conseil de l’Europe.
« Nous pouvons désormais nous sentir plus en sécurité », a-t-il déclaré.
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