Dans une lettre ouverte adressée à la ministre de l’Éducation, Sofia Zacharaki, 41 président.e.s de syndicats étudiants d’Athènes et de Thessalonique dénoncent une politique gouvernementale qui, selon eux, véhicule une image faussée de la violence à l’université, tout en passant sous silence les véritables problèmes structurels de l’enseignement supérieur — notamment le manque criant de financements.

Ils y affirment :

« La véritable violence, c’est celle de vos politiques. C’est priver des milliers d’étudiants du droit à une éducation digne, parce que les coûts ne cessent d’augmenter. Les loyers sont devenus inabordables, et seuls 6 % des étudiants peuvent bénéficier d’un logement universitaire. Résultat : un étudiant sur deux est contraint de travailler pour pouvoir suivre ses études. La vraie insécurité, c’est celle que vous créez en nous laissant étudier dans des bâtiments vétustes, souvent dangereux, sans équipements adaptés en cas d’incendie ou de séisme. C’est prendre les transports publics chaque jour en sachant qu’ils sont peu fiables, voire risqués. C’est faire face à des obstacles croissants dans notre parcours universitaire, sans aucune aide. Et maintenant, vous ajoutez à cette pression en menaçant de réduire à néant nos efforts par des politiques d’exclusion. »

Les étudiant.e.s accusent le gouvernement d’utiliser des incidents isolés – déjà condamnés par la communauté universitaire – comme prétexte pour attaquer l’ensemble du mouvement étudiant.

« Les mesures annoncées lors de votre rencontre avec les recteurs visent tous les étudiants : ceux qui tiennent à leur éducation, qui dénoncent ce qui ne va pas, qui exigent de meilleures conditions d’études et des diplômes ayant une réelle valeur. Vous choisissez délibérément la voie de l’autoritarisme. Jusqu’où êtes-vous prête à aller pour faire reculer nos droits ? »

Et d’interroger les véritables intentions du gouvernement :

« Irez-vous jusqu’à abolir la présomption d’innocence, en imposant des suspensions de deux ans sur la base d’une simple accusation ? Allez-vous assimiler les mobilisations étudiantes à des actes de violence ? Qualifier ceux qui défendent l’enseignement public gratuit de fauteurs de trouble ? Comptez-vous sanctionner les étudiants qui s’opposent aux frais d’inscription, à la hausse des loyers en résidence universitaire, ou ceux qui exigent que leur diplôme ait une réelle reconnaissance ? Punirez-vous ceux qui participent à des manifestations, comme les dizaines de milliers d’entre nous qui ont défilé le 28 février après la tragédie de Tempé et ont fermé les campus en signe de protestation ? »

Parmi leurs principales revendications :

  • Le retrait du projet de loi prévoyant des sanctions contre les formes d’engagement étudiant ;
  • L’abrogation de la loi 4957/22, qui contient des dispositions répressives à l’encontre des étudiant.e.s ;
  • Une augmentation significative du financement public des universités, afin de recruter davantage de personnel, moderniser les laboratoires et rénover les infrastructures ;
  • La mise en place de mesures concrètes de soutien aux étudiant.e.s, et la suppression des exclusions académiques ;
  • Le refus de toute forme de dévalorisation des diplômes universitaires : cela passe par l’abandon des projets de création d’universités privées, l’arrêt des formations accélérées en trois ans, et le maintien des qualifications professionnelles dans les cursus ;
  • Une réponse urgente à la crise du logement étudiant : logement gratuit garanti pour tous, augmentation substantielle des aides au logement, construction de nouvelles résidences sans partenariats public-privé ni loyers à payer.

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