La position du gouvernement grec face au génocide en cours à Gaza suscite une vive indignation de l’ensemble de l’opposition. Alors que de nombreux pays européens prennent leurs distances avec Israël et réclament la révision de l’accord commercial entre l’UE et Israël, Athènes, elle, reste muette. Pour Nikos Androulakis, la situation à Gaza relève d’une véritable « épuration ethnique » et l'attitude de la Grèce est tout simplement « honteuse ». Sokratis Famellos, de son côté, accuse le gouvernement de « légitimer le crime par son silence », ajoutant que « la neutralité, c’est de la complicité ». Le Parti communiste grec (KKE) va plus loin encore, estimant que l’exécutif « se place du mauvais côté de l’Histoire ». Quant à Alexis Charitsis, il appelle le Premier ministre à prendre position sans tarder et à rompre les relations commerciales avec Israël.

Des réactions en chaîne au sein de l’opposition

Invité à la radio, Nikos Androulakis, leader du PASOK–Mouvement pour le Changement, est revenu sur l’ampleur de la crise humanitaire à Gaza et sur l’inaction du gouvernement grec.

« Où sont la communauté internationale et les grandes puissances pour intervenir et mettre fin à cette épuration ethnique ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. On cherche à déplacer de force des millions de Palestiniens hors de Gaza. C’est un crime contre l’humanité. À mes yeux, Netanyahu devrait être traduit devant la Cour internationale de justice. Ce sont des actes qui relèvent clairement de crimes contre l’humanité. Évidemment, nous avons tous condamné l’attaque jihadiste de Hamas contre Israël – un acte odieux. Nous voulons tous que cette organisation terroriste soit démantelée. Mais l’inaction de la communauté internationale est inadmissible », a-t-il martelé.

« Hier, l’attitude du gouvernement grec était une insulte au peuple grec. Les Pays-Bas ont pris l’initiative au sein de l’Union européenne pour remettre en question l’accord commercial avec Israël. De nombreux pays s’y sont associés pour envoyer un signal fort contre cette épuration ethnique. Et la Grèce, elle, s’est désolidarisée. » Il a aussi dénoncé le silence du Premier ministre, qui n’a pas prononcé un mot sur Gaza lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU.

SYRIZA et Famellos montent au créneau : « Pas en notre nom »

Sokratis Famellos, chef de file de SYRIZA – Alliance progressiste, demande au gouvernement de cesser de faire cavalier seul aux côtés de l’extrême droite européenne, et d’apposer sans plus attendre sa signature au texte commun porté par plusieurs pays européens sur Gaza.

« Monsieur Mitsotakis, nous ne vous permettrons pas de légitimer les crimes commis à Gaza. Pas en notre nom », a-t-il lancé avec force.

Il a rappelé que « 24 pays européens ont clairement condamné les crimes perpétrés par Israël à Gaza, alors que la Grèce reste muette. Le silence de M. Mitsotakis n’est pas de la neutralité. C’est de la complicité. »

Selon Famellos, le gouvernement grec « couvre les assassinats de civils, la mort d’enfants sans défense et l’anéantissement d’un peuple tout entier. La Grèce ne peut pas rester indifférente face à un tel drame. »

Il exige que le pays se range « du côté de l’humanité, de la paix et de la solidarité, et non du côté de ceux qui ciblent les civils. Monsieur Mitsotakis, il est temps de condamner ce qui se passe. Cessez d’être l’exception européenne aux côtés de l’extrême droite. Signez le texte commun. Défendez la paix, exigez l’acheminement de l’aide humanitaire, un cessez-le-feu, et une solution juste à la question palestinienne. En tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, la Grèce a une responsabilité. »

Et de conclure : « Monsieur Mitsotakis, nous ne vous laisserons pas légitimer le crime commis à Gaza. Pas en notre nom. »

Le KKE interpelle le Parlement : « Toujours du mauvais côté de l’Histoire »

« Après avoir bombardé écoles, hôpitaux et camps de réfugiés, après avoir tué des milliers de civils et d’enfants à Gaza, les bourreaux israéliens, soutenus par les États-Unis, l’OTAN et l’Union européenne, poursuivent leur œuvre en affamant tout un peuple. Les enfants qui ont survécu aux bombes risquent désormais de mourir de faim », a déclaré Dimitris Koutsoumpas, secrétaire général du Parti communiste grec.

« Il faut d’urgence ouvrir des couloirs humanitaires, faire parvenir nourriture, eau, médicaments et soignants aux Palestiniens, victimes de la barbarie israélienne. Et surtout, il est temps d’appliquer la décision unanime du Parlement grec reconnaissant l’État palestinien dans ses frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. »

Il dénonce l’obstination du gouvernement grec à ne pas condamner les crimes d’Israël : « Une position qui le place une fois de plus du mauvais côté de l’Histoire, en complet décalage avec les sentiments d’une large majorité du peuple grec », peut-on lire dans une question parlementaire déposée par le KKE sur l’attitude jugée honteuse du gouvernement face à la situation à Gaza.

Charitsis : « M. Mitsotakis, prenez enfin position et suspendez les relations commerciales avec Israël »

Dans une publication très virulente, Alexis Charitsis réclame que le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis sorte de son silence et annonce sans délai la suspension des relations commerciales de la Grèce avec Israël.

« Je sais que nous sommes en désaccord sur à peu près tout. Mais j’ose espérer que la vie de 14 000 nourrissons ne vous laisse pas insensible », écrit le chef de Nouvelle Gauche, avant de prévenir : « Tant que vous gardez le silence, vous êtes complice de leur mort. Applaudisseur d’un génocide. »

Charitsis révèle également que l’ambassadeur de Palestine en Grèce l’a personnellement contacté pour lui faire part de sa profonde déception face à l’absence de la Grèce parmi les 22 pays – dont la France, l’Allemagne, le Canada, le Royaume-Uni et l’Australie – ayant signé une déclaration commune appelant Israël à autoriser l’acheminement complet de l’aide humanitaire à Gaza.

« M. Mitsotakis, ça suffit ! Aujourd’hui, alors que la Grèce présidait la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, vous êtes resté silencieux face au drame de Gaza. L’ONU affirme que 14 000 nourrissons pourraient mourir dans les 48 prochaines heures si l’aide humanitaire n’arrive pas. Votre silence vous rend complice de leur mort – complice d’un génocide. »

Il conclut : « Ce soir, je vous appelle à annoncer la suspension immédiate de toute relation commerciale avec Israël. Mettez fin à toute coopération militaire avec le gouvernement d’extrême droite de Netanyahu. Rejoignez les 22 pays européens qui dénoncent le siège imposé à Gaza. La Grèce ne doit plus jamais avoir à rougir du silence de ses dirigeants. »

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