Maria Karystianou, présidente de l’Association des familles des victimes de Tempé qui a peru sa fille dans la catastrophe ferroviaire, s’est exprimée mardi 22 avril à Agrinio, lors d’un événement organisé par le magazine Babylonia. Dans son intervention, elle n’a pas mâché ses mots à l’égard de Kyriakos Mitsotakis, de Kostas Ach. Karamanlis, ainsi que de la soi-disant « Équipe Vérité », qu’elle a accusée d’être « payée avec l’argent de nos impôts pour déformer la réalité et l’ajuster au récit gouvernemental ».

Son discours a mis en lumière la responsabilité de l’État dans la tragédie de Tempé, tout en soulignant l’importance de la solidarité entre citoyens. « Du désespoir absolue, a-t-elle déclaré, est née une lumière : celle de l’unité. Pour qu’aucun parent n’ait plus jamais à enterrer son enfant. Pour que plus aucun d’entre nous ne perde un ami, un proche, un être cher. »

Avec une émotion palpable, elle a poursuivi : « La vérité, c’est que nombre de ceux qui aujourd’hui haussent les épaules en niant toute responsabilité – révélant ainsi à quel point ils sont peu dignes et profondément irresponsables – savaient que des vies étaient en danger. Et ils n’ont rien fait. »

« Nous, en revanche, dans notre ignorance, avons non seulement pris ce moyen de transport meurtrier, mais nous avons aussi encouragé nos proches à faire de même », a-t-elle ajouté.

Elle s’est ensuite tournée vers les médias, posant une question cinglante : « Dans quel pays vit-on, quand l’information libre et honnête n’est plus qu’une goutte dans un océan de mensonges, de désinformation et de lynchages médiatiques contre ceux qui osent dire la vérité ? Même lorsqu’il s’agit de simples citoyens à qui l’État a arraché leurs enfants. Même lorsque ces voix s’élèvent au nom du lien le plus sacré qui soit ; celui de l’amour inconditionnel d’une mère pour son enfant, de sa volonté de le protéger, coûte que coûte. »

« Et pourtant, ces gens-là s’autoproclament, avec une ironie aussi cruelle que délibérée, “Équipe Vérité”. Ils sont payés avec l’argent public pour manipuler les faits et habiller le mensonge d’un vernis de convenance au service du pouvoir. »

« Voilà dans quel pays nous vivions encore récemment », a-t-elle lu à haute voix. « Une Grèce rongée par la corruption, où les dirigeants n’étaient pas nos alliés, mais nos adversaires. Et nous tentions de survivre dans cet environnement hostile – quand la chance nous souriait. »

« Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas », a-t-elle affirmé. « Nous voyons désormais ce système pour ce qu’il est : une gangrène, contraire à notre dignité. Un obstacle sur notre chemin, un frein à notre avenir. Il n’a plus sa place dans nos vies. Il est devenu l’exemple à ne pas suivre, celui que nous raconterons aux générations futures pour qu’elles sachent ce qu’il ne faut jamais tolérer. C’est le combat que nous avons à mener, pour nos enfants. C’est le cauchemar dont nous nous sommes enfin réveillés. Et c’est la raison pour laquelle nous, citoyens engagés, avons décidé de ne plus nous taire. »

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