La Grèce et l’Italie ont signé un protocole d’accord dans les domaines de l’énergie et du transport ferroviaire, à l’occasion du 2ᵉ Conseil de coopération de haut niveau entre les deux pays. Cet accord s’inscrit dans le contexte de la catastrophe ferroviaire de Tempé, qui a mis en lumière les failles structurelles du système ferroviaire grec privatisé. Depuis 2017, les services de transport de passager.e.s sont assurés par Hellenic Train, filiale du groupe ferroviaire public italien Ferrovie dello Stato. Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotákis a annoncé un investissement national de plus de 400 millions d’euros pour moderniser le réseau et renforcer les systèmes de sécurité. De son côté, Ferrovie dello Stato s’engage à hauteur de 360 millions d’euros pour l’achat de nouveaux trains et la construction de centres d’entretien de dernière génération. La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a salué un « renforcement stratégique » de la coopération bilatérale, soulignant une grande convergence de vues sur les questions de défense et de migration. « Nous ressentons une profonde empathie avec le Premier ministre grec sur ces sujets », a-t-elle déclaré.

Accords signés dans l’énergie et les transports

Deux accords majeurs ont été paraphés au cours du sommet. Le premier concerne l’opérateur grec de transport électrique (ADMIE) et l’italien TERNA, qui se sont entendus sur une modernisation de l’interconnexion énergétique entre les deux pays. Cet accord prévoit un triplement de la capacité actuelle de transmission, passant de 500 à 1 500 MW.

Le second accord lie le ministère grec de l’Infrastructure et des Transports à Ferrovie dello Stato. Il porte sur un vaste plan de modernisation des services ferroviaires de passagers, incluant l’acquisition de 23 nouveaux trains, dont 8 pour les lignes à grande vitesse et 15 pour les liaisons périurbaines, ainsi que la construction de dépôts de maintenance ultra-modernes. Ces engagements s’inscrivent dans un nouveau cadre contractuel, avec des échéances claires de livraison.

Ces deux accords figurent parmi les 14 signés lors de ce sommet, que Mitsotákis a décrit comme un « nouveau départ » dans la coopération ferroviaire entre la Grèce et l’Italie, particulièrement dans le sillage du drame de Tempé.

Mitsotákis : « Un nouveau chapitre dans les relations ferroviaires gréco-italiennes »

Lors d’une déclaration conjointe à l’issue du sommet à Rome, Kyriakos Mitsotákis a souligné que cette rencontre allait bien au-delà de la diplomatie formelle :

« Ce n’était pas une simple réunion protocolaire : c’était une véritable occasion de nous coordonner, avec enthousiasme, sur de nombreux fronts. »

Il a mis en avant les liens historiques et économiques qui unissent la Grèce et l’Italie, insistant sur les défis communs auxquels les deux pays doivent faire face dans un contexte international de plus en plus instable.

Saluant la richesse des accords signés, Mitsotákis a proposé une tenue plus régulière des réunions du Conseil de coopération, tout en exprimant son souhait de voir s’élargir la collaboration, tant sur le plan bilatéral qu’au sein de l’Union européenne. Il a remercié personnellement Giorgia Meloni pour son rôle dans la concrétisation de ces accords, rappelant que si la Grèce investit massivement dans la modernisation de son réseau ferroviaire et de ses systèmes de sécurité, l’Italie apporte une contribution déterminante à travers du matériel roulant et des infrastructures.

Un rapprochement économique et sécuritaire

Au-delà des transports et de l’énergie, les deux dirigeants ont évoqué les perspectives de coopération économique et commerciale. Mitsotakis s’est dit confiant quant à la possibilité d’attirer davantage d’investissements italiens en Grèce.

Concernant la question migratoire, il a qualifié l’Italie d’« alliée la plus proche », relevant un changement de cap au sein de l’Union européenne, désormais davantage tournée vers la protection des frontières extérieures que vers la répartition des demandeurs d’asile.

« Nous mettons l’accent sur la lutte contre les réseaux de passeurs, l’augmentation des retours et la réforme des voies de migration légale », a-t-il déclaré.

Sur le plan international, Mitsotákis a réitéré son soutien à un cessez-le-feu de 30 jours en Ukraine et appelé au renforcement de la défense européenne ainsi qu’à une coopération militaire accrue entre la Grèce et l’Italie.

« Nous devons aller plus loin, et le pouvons, dans ce domaine », a-t-il affirmé.

Il a également insisté sur l’importance de préserver des relations solides avec les États-Unis, dans l’optique d’un accord commercial mutuellement bénéfique et pour éviter une guerre commerciale.

« Nous devons tout faire pour maintenir l’unité du monde occidental face aux défis actuels. »

Meloni : priorité à la défense, à la migration et aux interconnexions

Prenant la parole à son tour, Giorgia Meloni s’est réjouie de l’engagement pris de ne pas laisser passer à nouveau huit ans avant une prochaine réunion intergouvernementale.

« Nos relations sont excellentes. Sans la Grèce et l’Italie, l’Europe ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Nous sommes tous deux membres de l’UE et de l’OTAN, et siégeons côte à côte au Conseil européen. L’an prochain, nous nous succéderons à la présidence tournante de l’Union », a-t-elle rappelé.

La cheffe du gouvernement italien a indiqué que la coopération en matière de défense et la lutte contre la « migration irrégulière » resteraient des priorités.

« Ce sont des domaines où nous partageons une vision très proche avec le Premier ministre grec. Nous souhaitons poursuivre notre travail commun pour faire évoluer l’approche européenne. Nous avons déjà réussi à recentrer les politiques sur la protection des frontières extérieures, la lutte contre les passeurs et la coopération avec les pays de transit. »

Elle a réaffirmé son soutien à une   paix juste et durable en Ukraine » et exprimé l’espoir que la Russie réponde favorablement à l’appel à un cessez-le-feu inconditionnel et à une rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine.

S’agissant de Gaza, Meloni a plaidé pour une aide humanitaire urgente et a soutenu les efforts portés par les pays arabes pour mettre en place un cadre de sécurité plus large. Elle a également confirmé que la Grèce et l’Italie soutiennent la perspective d’adhésion des Balkans occidentaux à l’Union européenne.

Sur le plan économique, elle a mis en avant les projets communs dans les domaines de la fibre optique, ainsi que les initiatives Blue Med et Green Med, qui visent à plus que doubler la capacité d’interconnexion énergétique entre les deux pays.

À propos de l’accord signé avec Ferrovie dello Stato, elle a conclu :

« C’est un accord important, qui donne un nouveau souffle à notre partenariat stratégique. Nous sommes pleinement mobilisés ; c’est un signal fort de notre volonté d’agir ensemble. »

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