Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a déclaré que ce qui se passe à Gaza ces dernières semaines est « injustifiable et inacceptable », ajoutant d’un ton ferme : « Nous ne restons pas silencieux. » Ces propos ont été tenus le 22 mai, en pleine vague de critiques visant la position de son gouvernement face au génocide en cours. Pourtant, la proximité entre la Grèce et Israël reste très marquée, notamment lors de la dernière visite de Mitsotakis à Tel-Aviv. À cette occasion, Benjamin Netanyahou avait salué les « valeurs communes », les « intérêts et des défis communs » entre les deux pays, tout en soulignant que « de nombreuses opportunités s’offrent à nous ».

Interviewé sur la chaîne grecque SKAI TV, Mitsotakis a affirmé que la Grèce avait « clairement appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la reprise de l’aide humanitaire à Gaza ».

Face au climat de condamnation, en particulier après l’absence de la signature grecque sur la déclaration conjointe des états membres de lUE appelant à une aide humanitaire urgente – le Premier ministre a une nouvelle fois condamné la situation à Gaza :

« Je n’ai aucune difficulté à dire que ce qui se passe à Gaza ces derniers jours et semaines est injustifiable et inacceptable. Israël doit immédiatement cesser ces opérations et permettre aux Nations Unies et aux ONG de reprendre au plus vite la distribution de nourriture et de médicaments. »

« Nous ne sommes pas silencieux. »

Il a toutefois rappelé les liens étroits qui unissent la Grèce à Israël :

« Parce que la Grèce a une alliance stratégique avec Israël, nous avons aussi le devoir de dire des vérités difficiles à nos alliés. J’ai directement transmis ce message aux dirigeants israéliens : l’attaque horrible du Hamas ne peut, à un moment donné, justifier des opérations dont le coût humanitaire est aussi disproportionné. »

Il a également mentionné la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU prévue ce jour-là, au cours de laquelle le ministre grec des Affaires étrangères s’est engagé à s’exprimer « avec clarté » sur la nécessité de protéger les civils.

« La Grèce ne se tait pas. Si nous pouvons jouer un rôle de médiateur, nous le ferons ; pas à coups de déclarations théâtrales ou de gestes symboliques, mais par une diplomatie efficace », a insisté Mitsotakis.

Mitsotakis à Netanyahu, lors de leur dernière rencontre : « C’est toujours un plaisir de discuter avec vous »

Lors de la visite de Mitsotakis à Tel-Aviv le 30 mars, Netanyahou lui avait réservé un accueil chaleureux. Dans leur déclaration conjointe, il déclarait :

« Bienvenue, Premier ministre Mitsotakis, mon cher ami Kyriakos. Nous sommes deux peuples anciens, deux drapeaux bleus et blancs qui se rencontrent ici. Nos civilisations libres ont pris racine à Athènes et à Jérusalem. Nous partageons des valeurs communes et faisons face aujourd’hui à des intérêts et défis communs. Je pense que de nombreuses opportunités s’offrent à nous, et j’ai hâte de les discuter avec vous. » 

Il avait également salué le renforcement des liens entre les deux pays :

« Vous êtes en train de transformer l’économie de la Grèce. Nous avons traversé un processus similaire. Nos liens se renforcent constamment. Je connais de nombreux Israéliens qui vont en Grèce, qui y investissent, ce qui est un signe de confiance. J’attends avec impatience l’occasion de discuter des défis en matière de sécurité, des opportunités économiques et des moyens d’accroître les chances d’une paix durable dans notre région, quelque chose que je sais que vous souhaitez également. » 

Et de conclure :

« D’une démocratie en Méditerranée orientale à l’autre, bienvenue mon ami. »

Mitsotakis avait répondu :

« Merci, monsieur le Premier ministre. C’est toujours un plaisir de discuter avec vous. Il s’agit d’un partenariat stratégique qui a une profondeur importante, comme vous l’avez souligné, et de nombreux défis en matière de sécurité que nous devons relever pour ramener notre région commune à un état de paix. » 

Et d’ajouter :

« Je souhaite aussi concentrer nos efforts sur notre coopération économique et de défense, qui est particulièrement importante pour la Grèce. J’ai vraiment hâte de poursuivre cette discussion. Nous avons toujours des échanges très francs et ouverts, et je vous remercie beaucoup de m’accueillir aujourd’hui à Jérusalem. » 

D’après la chaîne publique ERT, Mitsotakis a aussi rencontré le président israélien Isaac Herzog, ainsi que des hauts responsables du ministère israélien de la Défense et de l’industrie de l’armement ; une industrie étroitement liée au genocide en cours et à la mort de milliers de Palestinien.ne.s.

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