Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a salué ce qu’il qualifie de « relations stratégiques » entre la Grèce, Israël, l’Égypte et les pays du Golfe, lors d’une interview donnée au Forum économique de Delphes, jeudi 10 avril. Cette déclaration intervient alors que, quelques heures plus tard, l’armée israélienne lançait de nouvelles frappes sur Gaza, tuant au moins 13 personnes, dont sept enfants. Dans cette même intervention, le chef du gouvernement grec a également mis en avant une éventuelle collaboration avec le géant pétrolier américain Chevron – et ce malgré une récente condamnation de l’entreprise par un tribunal américain pour des dégâts environnementaux majeurs dans les zones humides de Louisiane. Chevron a été sommée de verser 745 millions de dollars pour pollution et non-restauration du site.

Des liens stratégiques et des ambitions gazières

Sur le plan de la politique étrangère, Kyriakos Mitsotakis a souligné l’importance croissante des alliances régionales :

« Nous renforçons nos partenariats dans la région, notamment avec Israël, l’Égypte et les pays du Golfe. Avec le soutien de groupes comme Exxon ou Chevron, nous explorons de nouvelles perspectives pour l’exploitation du gaz naturel au sud de la Crète. La Grèce veut être un acteur stable et fiable en Méditerranée orientale. »

Le rôle de la Grèce sur la scène internationale

Le Premier ministre a également présenté la Grèce comme un acteur influent, à la fois au sein de l’Union européenne et de l’OTAN :

« Notre pays est désormais bien positionné pour peser sur les grandes décisions européennes. En tant que membre solide de l’UE et de l’OTAN, et partenaire stratégique des États-Unis, nous avons notre mot à dire. »

Il a par ailleurs salué la suspension temporaire des droits de douane décidée sous Donald Trump sur certains produits européens :

« Cette pause de 90 jours offre une vraie chance de dialogue. Une guerre commerciale ne serait bénéfique pour personne. Utilisons ce temps pour poser les bases d’un accord équilibré. »

La croissance comme levier électoral

En ce qui concerne la situation économique du pays, Mitsotakis s’est montré confiant :

« Tant que nous tenons nos engagements, que nous augmentons les salaires et créons des emplois, l’avenir s’annonce prometteur. Notre position budgétaire solide est aujourd’hui reconnue par les citoyens. Si nous restons humbles et concentrés, nous avons de bonnes chances de remporter les élections de 2027. »

Une diplomatie sous tension, sur fond de violences à Gaza

Mais alors que le Premier ministre vante les relations bilatérales avec Israël, l’armée israélienne poursuit ses frappes sur Gaza. Au moment même où Benjamin Netanyahou, visé par un mandat de la Cour pénale internationale, traversait l’espace aérien grec pour se rendre en Hongrie, les bombardements se multipliaient.

Selon les informations d’Al Jazeera, dix personnes ont été tuées dans le sud de la bande de Gaza, près de Khan Younès — dont sept enfants. À Rafah, une frappe a coûté la vie à un autre civil et blessé quatre personnes. Dans le centre, à Deir al-Balah, et dans le nord, près de Beit Lahiya, d’autres attaques ont fait plusieurs morts et blessés. Certains ont été transportés dans un état critique à l’hôpital indonésien.

Chevron au cœur des ambitions énergétiques

Malgré ce contexte tendu, le gouvernement grec poursuit ses démarches vers un partenariat énergétique majeur. Le ministre de l’Énergie, Stavros Papastavrou, a validé la demande de Chevron pour mener des explorations en hydrocarbures dans deux zones au large de la Crète, baptisées « Sud de la Crète 1 » et « Sud de la Crète 2 ».

Or, aux États-Unis, Chevron fait face à de lourdes sanctions. L’entreprise est accusée d’avoir détruit de zones naturelles protégées, qui jouaient un rôle essentiel contre les inondations. La justice américaine l’a condamnée à verser 575 millions de dollars pour la perte de terres, 161 millions pour pollution et 9 millions supplémentaires pour abandon d’équipements sur place.

Alors que Mitsotakis se félicite d’un futur partenariat, des voix s’élèvent pour interroger l’engagement environnemental du gouvernement grec face au passif controversé de Chevron.

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