Un nouveau rapport d’expertise sur le tragique accident ferroviaire de Tempé, rédigé par le professeur Dimitris Karonis de l’École polytechnique nationale d’Athènes, spécialiste en technologies des carburants et lubrifiants, a été remis au juge d’instruction et rendu public ce mardi. Il conclut qu’un arc électrique de forte intensité pourrait plausiblement expliquer la formation de la boule de feu observée après la collision, appuyé par des images montrant des éclairs compatibles avec un tel phénomène. Concernant la thèse d’une cargaison illégale à bord du train, le rapport affirme qu’aucun élément ne permet d’étayer cette hypothèse : une conclusion basée sur le rapport officiel de la police et sur des vidéos transmises par l’entreprise Interstar chegée de la surveillance du rail. Toutefois, ces vidéos, remises près de deux ans après les faits, sont remises en question par les experts mandatés par les familles des victimes. Le gouvernement s’est empressé de saluer les conclusions du rapport, affirmant qu’elles réfutent définitivement les accusations de dissimulation.

Une hypothèse électrique jugée plausible

Selon le rapport, la boule de feu qui a suivi la collision aurait pu être provoquée par un arc électrique – et non par une cargaison cachée. Ce point est crucial, car plusieurs des 57 victimes sont mortes brûlées, et non directement à cause de l’impact initial.

Dans un document de 123 pages, le professeur Karonis explique que l’huile de silicone M50 EL, utilisée dans les équipements du train, ne peut pas provoquer seule une telle explosion. Il souligne toutefois qu’un arc électrique pourrait entraîner la décomposition de cette huile en sous-produits inflammables, un scénario à ne pas écarter.

Il se réfère également au rapport de l’EODASAAM (l’Agence hellénique d’enquête sur la sécurité aérienne et ferroviaire), qui avait relevé trois éclairs dans les vidéos analysées, interprétés comme des arcs électriques. Ces éléments renforcent, selon Karonis, la plausibilité de l’hypothèse.

Fait notable : le rapport de l’EODASAAM mentionnaient initialement la possible présence d’une source de carburant inconnue, évoquant que l’huile de silicone n’était probablement pas à l’origine de la boule de feu. Mais en l’absence de preuves concrètes – dues en partie à un nettoyage trop rapide du site – cette mention a ensuite été retirée.

Karonis note également que l’huile de silicone s’enflamme à partir de 300 °C, alors que les températures de fonctionnement normal du transformateur ne dépassent généralement pas 90 °C. Il estime donc que ces huiles n’auraient pu alimenter le feu qu’après le déclenchement initial de la boule de feu.

Pas de cargaison suspecte selon les données policières

Pour répondre aux allégations concernant une éventuelle cargaison illégale, le rapport s’appuie sur une inspection policière et trois vidéos transmises par Interstar. Ces enregistrements, analysés par les services de police scientifique, montrent trois wagons ouverts transportant uniquement des plaques métalliques – sans trace de réservoirs ou de contenants suspects.

Le gouvernement : « Le récit de la dissimulation s’effondre »

Le porte-parole du gouvernement, Pavlos Marinakis, a déclaré sur la chaîne SKAI TV que ce rapport met fin à ce qu’il a qualifié de « campagne abjecte de manipulation de l’opinion publique » :

« Ce rapport, fondé sur des éléments concrets, enterre la théorie complotiste selon laquelle une cargaison illégale aurait été dissimulée. Cette narration mensongère s’effondre. »

Il a également accusé l’opposition d’avoir exploité la tragédie à des fins politiques, en diffusant des affirmations sans preuve :

« Ils ont transformé une tragédie en arme politique, menti pour attiser la colère et transformé les émissions humoristiques en tribunaux populaires. »

S’en prenant plus précisément au PASOK et à son leader Nikos Androulakis, Marinakis les a accusés d’avoir tiré des conclusions hâtives et d’avoir nourri une motion de censure basée sur des spéculations.

« Au lieu d’attendre les conclusions judiciaires, ils ont traité des hypothèses comme des faits et se sont alignés avec des partis extrémistes. Ils doivent maintenant rendre des comptes. »

L’avocate des familles : « Aucun élément nouveau apporté dans le dossier de l’affaire »

De son côté, Mairi Hatzikostantinou, avocate des familles de victimes, estime que ce rapport n’apporte aucune information décisive sur l’origine de la boule de feu. Bien qu’il écarte la présence d’hydrocarbures, il n’identifie pas la cause précise de l’explosion.

« Ce rapport n’apporte rien de nouveau à l’enquête. Il évoque brièvement l’absence de carburants, mais ne tire aucun véritable enseignement des simulations déjà réalisées. On ne sait toujours pas ce qui a provoqué la boule de feu qui a coûté la vie à tant de personnes », a-t-elle déclaré.

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