Nouvelle hausse de la pauvreté et de l’exclusion sociale en Grèce en 2024

Le risque de pauvreté ou d'exclusion sociale a nettement progressé en Grèce en 2024, touchant désormais plus d'un quart de la population, selon les dernières données publiées par l'Autorité statistique hellénique (ELSTAT). En un an, 81 651 personnes supplémentaires sont passées sous ce seuil critique.
Pauvreté en hausse : qui sont les plus touché.e.s ?
Au total, 2,74 millions de personnes, soit 26,9 % de la population, sont aujourd’hui considérées à risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, contre 26,1 % en 2023. Cette augmentation s’explique principalement par la hausse de la pauvreté monétaire, qui atteint 19,6 %, ainsi que par la montée de la privation matérielle et sociale, désormais à 14 %.
Les enfants restent les plus vulnérables. Même si le taux de pauvreté chez les moins de 17 ans a légèrement reculé à 27,9 %, ils demeurent la tranche d’âge la plus exposée.
Les disparités régionales sont marquées. L’Attique, les îles de la mer Égée et la Crète affichent des taux inférieurs à la moyenne nationale, tandis que les régions du Nord et du Centre de la Grèce présentent des niveaux sensiblement plus élevés.
Les familles monoparentales sont particulièrement fragilisées : 43,7 % d’entre elles vivent sous la menace de la pauvreté. Le taux est de 28,9 % pour les ménages avec enfants à charge, contre 20,6 % pour ceux sans enfants.
Études, emploi et logement : des facteurs déterminants
Les conditions de logement influencent également la précarité. Parmi les personnes locataires, 32,2 % vivent à risque, contre 24,6 % de celles propriétaires sans crédit, et 22 % de celles encore soumises à un crédit immobilier.
Le seuil de pauvreté est établi à 6 510 euros par an pour une personne seule, et à 13 671 euros pour un ménage composé de deux adultes et deux enfants de moins de 14 ans. Ce seuil correspond à 60 % du revenu disponible médian, estimé à 10 850 euros. Le revenu moyen des ménages, lui, s’élève à 20 103 euros.
Le niveau d’études demeure un rempart majeur contre la précarité. Le risque de pauvreté chute à 7,1 % chez les personnes ayant achevé un cursus universitaire, contre 28,2 % pour celles ayant arrêté leur scolarité au niveau élémentaire.
L’emploi est tout aussi décisif. Chez les adultes actif.ve.s, le taux de pauvreté est de 10,5 %. Il grimpe à 49,2 % chez les chômeur.euse.s, avec une inégalité marquée entre hommes (61 %) et femmes (40,7 %). Les travailleur.euse.s à temps partiel, sont deux fois plus exposé.e.s que celles et ceux à temps plein (20,6 % contre 9,8 %).
Les aides sociales, un amortisseur indispensable
Une fois les aides sociales (allocations et retraites) prises en compte, 19,6 % de la population reste sous le seuil de pauvreté, soit une hausse de 0,7 point sur un an. Le taux atteint 22,4 % chez les enfants, 19,1 % chez les adultes en âge de travailler, et 18,8 % chez les personnes âgées.
L’importance des aides sociales apparaît clairement dans les données : sans aucune aide, le taux de pauvreté s’élèverait à 45 %. Les retraites à elles seules le réduisent à 23,5 %, et les allocations (familiales, logement, chômage, etc.) l’abaissent encore à 19,6 %. Au total, ces dispositifs de soutien social permettent de réduire la pauvreté de 25,4 points de pourcentage.
Face à ces données, 13,3 % des ménages déclarent une amélioration de leurs revenus au cours de l’année écoulée, contre 10,2 % qui évoquent une baisse. Une large majorité (76,6 %) indique une stabilité. Le revenu individuel disponible moyen a augmenté de 7,3 %, atteignant 12 391 euros. Le travail demeure la principale source de revenus des ménages (70,6 %), suivi par les pensions de retraite (23,4 %).
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