Le procès concernant la mort de Kostas Fragoulis, un adolescent de 16 ans, s’ouvre aujourd’hui. Le policier qui lui a tiré dessus comparait pour homicide volontaire. Le drame s’est produit lors d’une course-poursuite après un vol de carburant d’une valeur de 20 euros. Une manifestation est prévue devant le tribunal de Véria.

Les faits et les accusations

L’audience se tient devant la Cour d’assises mixte de Véria. Le prévenu, un policier de 37 ans, est accusé d’avoir abattu mortellement Kostas Fragoulis, un jeune Rom, en décembre 2022, à l’issue d’une poursuite dans l’ouest de Thessalonique. L’adolescent avait fui une station-service sans payer pour 20 euros d’essence.

À l’époque des faits, le policier a été inculpé pour homicide avec intention éventuelle, commis de sang-froid, ainsi que pour usage illégal de son arme. Ces chefs d’accusation ont été retenus à l’issue d’une décision du conseil des juges d’instruction de Thessalonique, en accord avec le parquet.

Son avocat, Alexis Kougias, avait vivement critiqué les conclusions du procureur, les qualifiant de « totalement fausses, arbitraires et diffamatoires ». Il avait notamment dénoncé l’allégation selon laquelle son client aurait agi par racisme, affirmant que le nouveau Code de procédure pénale interdit aux magistrats de tenir de tels propos, sous peine de sanctions disciplinaires.

Mobilisations

Le meurtre de Kostas Fragoulis avait déclenché une vague de protestations, le 13 décembre 2022. Des milliers de personnes étaient descendues dans les rues : étudiant.e.s, collectifs, syndicats, militant.e.s, citoyen.ne.s, pour réclamer justice. Un mot d’ordre a émergé, devenu symbole du mouvement : « ΔΙΚΕΟΣΗΝΙ » (le mot grec pour « justice » mal orthographié par la famille du jeune homme et reprise ensuite par le mouvement).

Ce qui s’est passé cette nuit

D’après le dossier d’instruction, les événements se sont déroulés dans la nuit du 5 décembre 2022. Après avoir quitté une station-service sans payer, le jeune homme avait été pris en chasse par une patrouille de la brigade motorisée de la police. Il a été touché d’une balle dans la tête, et a succombé quelques jours plus tard en soins intensifs à l’hôpital Hippocrate de Thessalonique.

Dans un premier temps, la police grecque (ELAS) avait tenté de justifier l’usage de l’arme, affirmant que le conducteur avait tenté de percuter les motos des agents et que les tirs visaient à neutraliser une menace. Mais cette version a rapidement été mise en doute, notamment après la publication d’enregistrements audio de l’incident.

En attendant la justice

Le policier a été remis en liberté en attendant son procès, à condition de ne pas quitter le territoire. Cette décision avait été prise par un conseil judiciaire, appelé à trancher un désaccord entre le juge d’instruction et le procureur sur son placement en détention provisoire.

À l’ouverture du procès, des proches de la victime, des amis et des membres de la communauté rom prévoient de manifester devant le palais de justice de Véria pour réclamer que justice soit faite.

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