« Le procès de six policiers accusés d’avoir torturé notre fils, Vasilis Maggos, débute le 5 juin à Karditsa. Et pourtant, nous, sa famille, n’avons pas le droit de participer à sa défense », a écrit son père, Yiannis Maggos, dans une déclaration publique.

Il explique que, selon le droit grec, la victime aurait dû déposer plainte avant son décès pour que l’affaire puisse être légalement poursuivie par ses proches.

« Vasilis a survécu un mois après les faits, hospitalisé, et pendant ce temps, il a dénoncé publiquement les tortures qu’il avait subies. Il avait même entamé les démarches, mais il n’a pas eu le temps de déposer une plainte officielle. Aucun organe de l’État n’a alors pris l’initiative de poursuivre les responsables. Après sa mort, c’est nous, ses parents, qui avons porté plainte pour des faits criminels graves », poursuit-il.

Dans un premier temps, le procureur n’a engagé des poursuites que contre trois policiers, pour des délits mineurs, sans même auditionner les témoins présents sur place.

« Quand la mort précède la plainte, le procureur se précipite pour t'”enterrer” », commente amèrement Yiannis Maggos.

Selon lui, c’est à ce moment-là qu’a commencé la tentative de dissimulation : la plainte déposée par la famille n’a jamais été rattachée à l’enquête du procureur et a été classée sans suite. Une seconde plainte a été rejetée avec des arguments jugés peu convaincants.

Il précise que ce n’est que grâce à la pression exercée par leurs avocats et à la mobilisation du mouvement citoyen que l’affaire a finalement été requalifiée en crime.

« La rigidité de la loi dans ce genre de cas est tout simplement incompréhensible. Elle va à l’encontre du bon sens et de toute notion de justice. Rechercher la vérité ne devrait jamais être puni ni écarté. Car sinon, elle risque d’être définitivement étouffée dans les dédales du système judiciaire. »

Selon Yiannis Maggos, les preuves contre les policiers mis en cause sont accablantes. Même la direction de la police grecque a renvoyé les six agents devant le Conseil de discipline de Thessalonique, où une exclusion de la fonction publique est à l’étude.

« Est-ce pour cette raison que certains cherchent aujourd’hui à nous intimider ? », s’interroge-t-il.

« Dans l’affaire de Vasilis, tout le monde voit bien que les agresseurs sont protégés, pendant que la famille de la victime est tenue à l’écart. La société demande justice, elle exige un procès équitable. J’espère que le tribunal de Karditsa annulera cette décision absurde de nous exclure, et qu’il permettra à la vérité d’éclater », conclut-il.

Pour rappel, les six policiers ont été renvoyés devant le tribunal mixte à jury en avril dernier pour des faits de torture, requalifiés en crime. Trois agents de la brigade d’intervention OPKE de Volos – Ioannis Skrimpas, Theofanis Bakoyiannis et Stylianos Balamotis – ont déjà été condamnés pour blessures corporelles graves. Trois autres policiers – deux issus de la division de la sécurité de Volos et un autre membre de l’OPKE – ont été mis en examen pour torture, conformément à une décision du Conseil des juges d’instruction.

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