Une nouvelle fois, Athènes a été le théâtre de scènes de répression policière d'une extrême violence, à l’occasion de la manifestation organisée le 5 mars par les syndicats et organisations de travailleur.euse.s pour exiger des responsabilités politiques suite à la tragédie ferroviaire de Tempé. Les policiers des unités anti-émeute (MAT) ont procédé à des arrestations arbitraires, menaçant d’interpeller les manifestant.e.s, tout en faisant usage des gaz lacrymogènes et de coups de matraque pour les disperser. Un manifestant a été même renversé par une moto de police. Les forces de l’ordre ont, encore, insulté les manifestant.e.s et se sont acharné sur celles et ceux qui tentaient de se protéger en levant les mains en signe de désarmement. Avant de relancer une nouvelle attaque au gaz lacrymogène, des policiers ont même crié "aspergez-les pour qu'ils partent".

Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux ont capturé des scènes de brutalité policière pendant la manifestation du 5 mars à Syntagma. Selon la police, 30 personnes ont été interpellées au cours de l’événement.

Dans une vidéo, des policiers des MAT chargent les manifestant.e.s en leur ordonnant de « les aspérger pour qu’il partent ». Une unité de policiers commence alors à tirer des gaz lacrymogènes et à lancer des grenades assourdissantes sur la foule.

Une autre vidéo montre des policiers de l’unité DELTA poursuivant des manifestant.e.s à moto, l’une d’entre elles percutant un manifestant.

Le photojournaliste Savvas Karmaniolas a capturé des images de policiers des MAT pourchassant un manifestant, le jetant sur un tas de déchets, le battant puis le menottant. Ils ont continué à l’insulter en l’escortant vers le fourgon de police.

Alors que la foule levait les mains en signe de désarmement, en disant “RECULEZ, RECULEZ”, les MAT ont attaqué, repoussant les manifestant.e.s avec leurs boucliers et les frappant violemment à l’endroit où les noms des 57 victimes de Tempé avaient été peints en rouge, juste devant le Parlement.

 

Pendant qu’une partie des manifestant.e.s s’est assise par terre en blocage symbolique, scandant “JUSTICE”, les MAT ont une fois de plus réagi avec des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes, semant la panique parmi les manifestants qui criaient « Pourquoi ? ».

Une autre vidéo du photojournaliste Vedat Yeler montre des policiers utilisant leurs boucliers pour frapper un manifestant. Dans un autre extrait, des policiers des MAT attaquent une foule en fuite, frappant les manifestant.e.s dans le dos avec leurs matraques.

Une vidéo publiée par Copwatch montre des policiers de l’unité DELTA littéralement en train de marcher sur un manifestant dans la rue Ermou, qui crie « Au secours, j’ai 15 ans, je n’ai rien fait ! »

 

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Une autre vidéo largement diffusée montre un manifestant interpellant les policiers : « Vous êtes payés en heures sup ? » Les policiers ont répondu par des propos injurieux, affirmant qu’ils sont heureux de gagner « 100 euros aujourd’hui, rien que pour une heure de travail, grâce à vous. »

Dans une vidéo partagée par le journaliste Christos Avramidis, un policier menace d’arrêter des manifestant.e.s qui se trouvaient sur le trottoir, invoquant des raisons absurdes telles que «  perturbation de la circulation ».

–« Vous ne pouvez pas rester en groupe comme ça. »
–« Pourquoi ? C’est notre droit garanti par la Constitution. »
–« Soit vous partez, soit on vous interpelle. »
–« Pourquoi voudriez-vous nous interpeller ? »


Un incident similaire d’intervention arbitraire a eu lieu à Thessalonique, où 59 manifestant.e.s ont été interpellé.e.s sans qu’aucune arrestation n’ait eu lieu.

Réponse du ministre : « La police a garanti la sécurité des manifestants »

Le ministre de la Protection du citoyen, Michalis Chrysochoidis, a attribué la violence lors des manifestations de Tempé à des “hooligans et anarchistes”, rejetant les accusations de brutalité policière malgré de nombreuses vidéos montrant des arrestations injustifiées, des violences physiques et un usage excessif de gaz lacrymogènes. Il a affirmé que « les policiers ont garanti la sécurité de centaines de milliers de manifestant.e.s. »

Chrysochoidis a allégué que des « bandes criminelles » liées à l’ultra violence dans les stades s’étaient infiltrées dans les manifestations et avaient provoqué des attaques contre les policiers et le Parlement. Il a qualifié d’« honteuses » les accusations selon lesquelles des policiers en civil auraient incité à la violence.

Il a également accusé les manifestant.e.s de propager des informations mensongères, notamment en diffusant de vieilles vidéos ou des images venant de l’étranger pour dresser un portrait trompeur d’une police grecque impitoyable.

« Pourquoi est-ce que la police provoquerait-elle la violence ? Juste pour satisfaire les complotistes ? Ce genre de d’infox se propage par des bots et de la propagande en ligne », a-t-il déclaré, ajoutant que toute accusation devrait être examinée par la justice.

Onze manifestants inculpés restent en garde à vue

Le procureur a déposé des charges à l’encontre de 11 personnes interpellées lors de la manifestation du 5 mars. Trois jeunes ont été orientés vers le procureur des mineurs. Les accusé.e.s demeurent en garde à vue jusqu’à leur procès.

Les charges comprennent des violences à l’encontre des agents publics, des atteintes à l’ordre public, des blessures corporelles, des dégradations matérielles, la possession illégale d’armes et d’explosifs, ainsi que pour faits l’outrage. Une procédure distincte a été ouverte contre des individus non identifiés pour des charges criminelles.

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