Trente heures de garde sans repos : l’accident d’une médecin relance la polémique sur les conditions de travail en Grèce

L'accident d'une médecin à Patras, suite à la collision de sa voiture avec un train, a suscité une vive inquiétude parmi ses collègues. L'incident a eu lieu le samedi 19 avril, alors qu’elle rentrait chez elle au terme d’un marathon de près de 30 heures de travail sans interruption. Pour beaucoup de ses collègues, il ne fait aucun doute : il s’agit d’un accident du travail provoqué par un système de santé à bout de souffle, où le surmenage et d'épuisement auxquels sont confrontés les médecins, surtout dans les hôpitaux provinciaux, sont monnaie courante.
Le syndicat “Mouvement pour le Changement” a publié un communiqué condamnant le ministère de la Santé, l’inspection du travail et le gouvernement pour les « conditions de travail déplorables et les horaires d’astreinte excessifs » que subissent les médecins, notamment dans les zones rurales. Selon le sydicat, ces conditions mettent en danger la sécurité physique des travailleur.euse.s de la santé.
Un système défaillant
« Cet accident n’est pas un cas isolé, c’est la conséquence directe d’un épuisement professionnel », peut-on lire dans le texte du syndicat. « Notre collègue a quitté l’hôpital après une garde interminable, sans même un moment de repos. »
Les représentants syndicaux rappellent plusieurs épisodes récents qui témoignent d’une situation alarmante. À l’hôpital de Nikaia, un brancardier est décédé après une double vacation. À Drama, une autre médecin s’est endormie au volant, épuisée, alors qu’elle rentrait d’une autre garde. Un interne a perdu connaissance et a fait une chute grave de 25 mères de hauteur ; il n’a survécu que par miracle. À Thessalonique, une anesthésiste a été victime d’un AVC après des semaines de surmenage.
Pour les syndicats, la liste est longue et reflète un système hospitalier en crise, incapable de protéger ceux qui le font vivre.
Des responsabilités réclamées
Le syndicat a également dénoncé Hellenic Train et l’OSE (la société grecque des chemins de fer), soulignant les fréquents accidents de train dans des zones urbaines comme Patras. Ce qui a encore exacerbé les tensions, c’est la décision du procureur d’arrêter la médecin blessée, en la tenant pour principale responsable de l’accident.
« C’est scandaleux », réagit le syndicat. « Au lieu de reconnaître qu’elle est victime d’un système qui broie ses soignants, on la traite comme une délinquante. Le gouvernement, de son côté, n’a rien trouvé de mieux que de l’accabler sur les réseaux sociaux, la présentant comme négligente et dangereuse. »
Le mari de la médecin, Giorgos Stasinopoulos, lui-même ancien ambulancier, a témoigné sur la chaîne de télévision OPEN décrivant une femme épuisée, qui enchaînait les remplacements entre Corfou, Zante, Céphalonie et Pyrgos.
« Elle était au bout du rouleau. Cela fait des semaines qu’elle songe à quitter la fonction publique. Elle a été blessée à la poitrine, au foie, à l’épaule. Et elle ne se souvient même pas de l’accident. Elle n’a aucune idée de ce qui s’est passé », confie-t-il.
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