L’ancien vice-ministre Christos Triantopoulos a demandé à contourner la commission d’enquête parlementaire et à faire référer directement son dossier concernant la catastrophe ferroviaire de Tempé à la justice, invoquant des craintes de partialité politique. Tandis que le gouvenement défend sa démarche comme un moyen d'assurer une justice impartiale, les partis d'opposition la condamnent comme une tentative d'échapper à la responsabilité. Certains affirment que contourner l'enquête parlementaire nuit aux procédures constitutionnelles. La représentante des familles des victimes de Tempé, Maria Karystianou, a qualifié cette décision de « geste lâche »

Christos Triantopoulos, ancien ministre adjoint au Premier ministre et député, a demandé à ce que son dossier concernant son implication dans la dissimulation de preuves sur le site de l’accident de Tempé soit directement renvoyé à la justice, en contournant la commission d’enquête parlementaire. Dans une lettre adressée à cette commission, il a affirmé son innocence et soutenu qu’en raison du climat actuel de polarisation politique, toute conclusion de la commission serait contestée et risquerait de nuire à sa réputation de manière injuste. Il a insisté sur le fait qu’une évaluation par une justice indépendante, et non une commission influencée politiquement, était nécessaire.

Rappelons que la commission d’enquête parlementaire a été mise en place pour examiner son implication dans le remblayage de la zone de l’accident ferroviaire, entraînant la perte de preuves cruciales pour l’affaire de Tempé.

Le soutien du gouvernement à la décision de Triantopoulos

Le ministre gouvernemental Akis Skertsos a défendu la décision de Triantopoulos, déclarant que « la conscience tranquille ne craint rien » et que le processus juridique devait être transparent, sans interférence politique ni procès public. Il a ajouté qu’il fallait du courage pour garantir que de telles tragédies ne se reproduisent plus jamais.

Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a également soutenu cette démarche, la qualifiant de « geste audacieux sans précédent dans l’histoire moderne » . Il a affirmé que cette décision garantissait un examen judiciaire impartial, exempt de « querelles politiques toxiques ». Mitsotakis a ensuite critiqué l’opposition, affirmant qu’elle avait « jugé à l’avance la culpabilité supposée de Triantopoulos et la prétendue dissimulation par le gouvernement » malgré les preuves du contraire. Il les a défiés de soutenir ce processus judiciaire plutôt que de « se cacher derrière des détails et des excuses ».

De plus, Mitsotakis a lié cette affaire à sa proposition de réforme constitutionnelle, notamment en ce qui concerne l’Article 86, qui régit la responsabilité des ministres. Il a rappelé les efforts passés visant à séparer les poursuites légales des conflits politiques, soulignant la nécessité de   restaurer la confiance du public dans le système politique » en limitant davantage le rôle du Parlement dans la poursuite des ministres.

Le gouvernement refuse une présidence multipartite dans l’enquête parlementaire

Avant la demande de Triantopoulos, les tensions politiques avaient augmenté lorsque le parti de la Nouvelle Démocratie au pouvoir a rejeté les demandes de l’opposition pour une présidence interpartisane dans la commission d’enquête. Les députés d’opposition ont dénoncé cette décision, estimant qu’elle compromettait la neutralité de la commission et témoignait de la réticence du gouvernement à garantir un processus juste et transparent.

L’opposition condamne la démarche de Triantopoulos

L’opposition a vivement critiqué la décision de Christos Triantopoulos de contourner la commission parlementaire et de se tourner directement vers la justice, la qualifiant de tentative du gouvernement de protéger le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis et d’éviter la responsabilité politique.

PASOK : manipulation des procédures juridiques par le gouvernement

Le PASOK a estimé que Triantopoulos devrait être renvoyé selon les procédures constitutionnelles et juridiques, et non de manière à servir les stratégies politiques de la Nouvelle Démocratie. Ils ont rappelé que leur demande d’enquête avait été rejetée par le gouvernement comme une tentative d’exploitation politique. Ils ont également souligné l’incohérence du gouvernement, qui avait précédemment protégé l’ancien ministre Kostas Karamanlis d’une enquête (ministre des Infrastructures et des Transports au moment du drame de Tempé).

SYRIZA : une « enquête éclair » pour éviter l’examen

SYRIZA a affirmé que Mitsotakis avait orchestré une « enquête éclair » pour éviter d’apporter son témoignage. Ils ont accusé le gouvernement de tenter de bloquer l’examen parlementaire et de veiller à ce que des témoins cruciaux ne soient pas entendus. Selon eux, Triantopoulos ne fait que suivre des ordres, et l’objectif réel est d’empêcher une enquête approfondie sur la tragédie de Tempé.

Kostas Arvanitis, député européen de SYRIZA, a souligné que la commission parlementaire spéciale doit remplir son rôle d’organe d’enquête, en entendant les témoins, en recueillant des documents et des preuves, et en exerçant toute l’autorité prévue par la loi.

« Nous ne permettrons pas à un cercle d’alliés de M. Mitsotakis de tenter de saper toute notion d’intégrité institutionnelle et de légalité constitutionnelle, ni de compromettre brutalement l’État de droit dans notre pays une fois de plus », a insisté Arvanitis.

KKE : une reconnaissance tacite de culpabilité

Le Parti communiste grec (KKE) a vu la demande de Triantopoulos comme une « reconnaissance tacite de culpabilité » et a condamné ce qu’il a appelé une tentative précipitée de fermer l’enquête avant même qu’elle ne commence. Le parti a averti qu’éviter l’examen parlementaire empêche la divulgation des éléments de preuve essentiels et protège non seulement Triantopoulos, mais aussi d’autres responsables.

La Nouvelle Gauche : atteinte au contrôle constitutionnel

La Nouvelle Gauche a soulevé des préoccupations juridiques, affirmant que le contrôle parlementaire est constitutionnellement requis avant toute procédure judiciaire. Le parti a mis en doute la façon dont l’affaire pourrait être correctement poursuivie si le Parlement ne définit pas d’abord les accusations. Il a averti que si la commission d’enquête ne remplit pas son rôle, cela pourrait être considéré comme un abus de pouvoir.

Maria Karystianou critique la demande de Triantopoulos : « Un geste lâche pour contourner la commission d’enquête déjà affaiblie »

Maria Karystianou, présidente de l’association des familles des victimes de Tempé, a qualifié la décision de Triantopoulos de « geste lâche », ajoutant qu’elle était motivée par la peur que la vérité ne soit révélée.

Dans sa publication en ligne, Karystianou a souligné :

« Ils veulent même contourner la commission d’enquête déjà affaiblie pour éviter un processus de collecte de preuves et d’audition de témoins, ce qui pourrait dévoiler une partie de la vérité ».

Elle a accusé Triantopoulos de ne pas respecter les millions de personnes qui sont descendues dans la rue pour manifester et réclamer justice, dénonçant son arrogance en pensant que le public ne verrait pas à travers sa manœuvre.

Elle a conclu par un message fort : « Nous ne laisserons pas l’impunité continuer. Assez de moqueries ! »

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