Affaire de Tempé : commission d’enquête parlementaire approuvée et motion de censure en préparation

La commission d’enquête a été approuvée par une large majorité
La proposition a été soutenue par la Nouvelle Démocratie (ND), le PASOK, le SYRIZA, le Parti communiste grec (KKE), la Solution grecque, la Nouvelle Gauche et le Cap sur la liberté. Le parti Spartiates s’est abstenu, tandis que le Mouvement démocrate patriote – Victoire a voté contre. Selon la chaîne publique grecque ERT, la commission sera composée de 27 membres : 14 issus de la ND et 13 répartis entre les partis d’opposition. L’enquête devrait durer deux mois, avec une prolongation possible d’un mois, le cas échéant.
Les familles des victimes de Tempé réclament une enquête plus complète
Lors du débat parlementaire, Maria Karystianou, présidente de l’Association des familles des victimes de Tempé, a révélé sur les réseaux sociaux avoir adressé, avec Pavlos Aslanidis, une mise en demeure au président du Parlement, Nikitas Kaklamanis. Dans ce document, ils reprochent au Parlement de se focaliser uniquement sur les éventuelles fautes de Triantopoulos, plutôt que d’examiner l’ensemble des responsabilités gouvernementales, y compris celles du Premier ministre.
Triantopoulos démissionne sous le poids des accusations
Face aux soupçons de dissimulation, Christos Triantopoulos a annoncé sa démission de son poste de secrétaire d’État à la Crise climatique et à la Protection civile. Il s’est défendu en déclarant :
« Ma présence sur le lieu de l’accident, plusieurs jours après le drame, a été interprétée de manière spéculative à des fins politiques. »
Le secrétaire général de la Protection civile démissionne
Vasilis Papageorgiou, secrétaire général à la Protection civile, a lui aussi démissionné, évoquant une « responsabilité politique ». Il a précisé avoir pris cette décision pour faciliter l’enquête judiciaire, tout en niant toute implication dans la gestion opérationnelle du drame. Il fait néanmoins l’objet de poursuites pour falsification présumée de la scène de l’accident.
Le gouvernement soutient l’enquête, mais disculpe Triantopoulos d’avance
Bien que la majorité ait soutenu la mise ne place de la commission, elle a rapidement montré son intention d’exonérer Triantopoulos. Le député de ND Vasilis Vasileiadis a affirmé que son parti encourageait l’enquête « pour que rien ne reste dans l’ombre », tout en rejetant toute accusation de dissimulation gouvernementale :
« Les éléments de preuve indiquent qu’aucune faute n’a été commise. »

Le ministre de la Justice, Giorgos Floridis, a également réagi aux critiques de l’opposition, affirmant que ses propos avaient été déformés. À propos de sa déclaration controversée selon laquelle « les accusations de dissimulation sont de la pure foutaise », il a précisé qu’il visait les politiciens, et non les familles des victimes. Il a par ailleurs accusé tous les leaders de l’opposition—à l’exception de Kyriakos Velopoulos (Solution grecque)—d’être « des lâches ».
L’opposition intensifie ses attaques contre le gouvernement
Lors du débat, les partis d’opposition, notamment SYRIZA, le KKE et la Nouvelle Gauche, ont vivement critiqué la gestion de la catastrophe et ses suites. Le leader de SYRIZA, Sokratis Famellos, a jugé le gouvernement « discrédité » et a appelé à la démission du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis :
« Vous avez été contraints d’accepter cette commission d’enquête, un revers majeur pour M. Mitsotakis, qui contredit ses déclarations précédentes sur l’absence de responsabilité gouvernementale. »
Dimitris Koutsoumpas, secrétaire général du KKE, a souligné que cette enquête ne résultait pas de l’initiative du PASOK, mais de la pression populaire :
« Ce n’est pas le PASOK qui vous pousse dans les cordes, mais ce peuple digne et ses enfants. »
Alexis Charitsis, chef de la Nouvelle Gauche, a enfoncé le clou :
« Vous avez perdu la confiance de la société. Le peuple ne vous croit plus. M. Mitsotakis n’a plus d’autre choix que de démissionner. »
De son côté, Zoi Konstantopoulou, leader du Cap sur la liberté, a affirmé que la dissimulation de l’affaire avait commencé « dès le premier jour » et qu’elle avait été orchestrée par Mitsotakis lui-même. Elle a exigé la levée du secret des communications du Premier ministre, de Triantopoulos et des principaux responsables présents la nuit du drame.
Le PASOK prépare une motion de censure contre le gouvernement

Le leader du PASOK, Nikos Androulakis, a averti que cette enquête n’était qu’un premier pas :
« Aujourd’hui, la commission préliminaire ; demain, la motion de censure. »
Il a qualifié cette initiative de « revendication populaire contre le mensonge et l’impunité politique », accusant la ND de protéger ses membres au détriment de la justice.
Aujourd’hui, il deposera officiellement une motion de censure contre le gouvernement, se basant sur le rapport de l’Agence hellénique d’enquête sur la sécurité aérienne et ferroviaire (EODASAAM). Ce dernier a révélé l’abandon du chemin de fer, l’absence de systèmes de sécurité, le sous-effectif et le sous-financement dus aux mesures d’austérité. Il a conclut qu’il est probable qu’un carburant inconnu ait été présent dans le train de frêt et a exclut l’hypothèse que l’incendie ait été causé par l’équipenment technique et le matériel roulant.
Pour être valide, la motion de censure doit recueillir au moins 50 signatures (le PASOK en a 32). Une fois déposée, un débat débutera dans les 48 heures et pourra durer jusqu’à trois jours, suivi d’un vote nécessitant une majorité absolue des député.e.s.
______________________________________________
Recherchez-vous des actualités depuis la Grèce présentées sous un angle progressiste et différent des médias dominants ? Faites un don mensuel ou annuel pour soutenir TPP International dans sa mission de fournir un journalisme indépendant en français. Ne laissez pas les voix progressistes grecques disparaître.
Pensez à préciser « TPP International » et votre numéro de commande comme motif du paiement.