Une nouvelle manifestation a eu lieu sur la place Syntagma en réponse à la tragédie ferroviaire de Tempé, quelques jours après les grandes mobilisations et la grève nationale du vendredi 28 février. La manifestation s’est déroulée alors qu'au Parlement se tenait le débat sur la motion de censure déposée contre le gouvernement. Des milliers de manifestants ont répondu à l’appel des syndicats, des fédérations et des associations de travailleurs, envoyant un message clair de défiance. Les discours ont dénoncé les dangers de la privatisation et la prétendue « réforme » des transports publics, tandis que la foule scandait son slogan emblématique : « Leurs profits ou nos vies. » Même face aux tirs de gaz lacrymogène des forces anti-émeutes, les manifestants sont restés sur place occupant symboliquement l'espace.

Reportage par Nektaria Psaraki

La place Syntagma s’est de nouveau remplie de manifestants, quelques jours seulement après la grève nationale historique initiée par les familles des victimes de Tempé. Cette mobilisation massive a adressé un message fort contre le gouvernement, alors que les députés débattaient à l’intérieur du Parlement sur la motion de censure déposée par l’opposition. Les slogans « Je n’ai plus d’oxygène – C’est ainsi que l’État tue » et « Leurs profits ou nos vies » ont dominé la manifestation.

Credit: Dimitris Kapantais / SOOC

Le rassemblement a débuté par un concert du groupe Koinoi Thoitoi, qui a chanté « Nous vaincrons » et « Je rentrerai tard ce soir », tandis que 57 lanternes ont été lâchées dans le ciel, une pour chacune des victimes de la catastrophe. Avant de les laisser s’envoler, les manifestants ont juré que ce crime ne sera jamais oublié et qu’aucune tentative d’étouffement de l’affaire ne sera tolérée.

 

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Credit: Dimitris Kapantais / SOOC

Devant le Parlement, les manifestants tenaient des pancartes avec le message « Leurs profits ou nos vies » à l’endroit où les noms des victimes avaient été peints en rouge. Le chiffre 57 a été tracé avec des bougies et orné de fleurs en leur mémoire.

Credit: Dimitris Kapantais / SOOC

Des représentants syndicaux ont pris la parole devant le Parlement, critiquant le Premier ministre pour avoir balayé les appels à sa démission, affirmant que la majorité des manifestants réclamaient seulement du progrès pour son pays, et non la chute de son gouvernement.

« Malheureusement, le Premier ministre a prouvé qu’il n’a rien compris aux revendications de millions de citoyens. Plutôt que de rendre justice en traduisant les vrais responsables en justice, quel que soit leur niveau de pouvoir, il prétend que ce que réclame réellement la société, c’est l’évaluation des fonctionnaires. Une nouvelle tentative de diversion pour attaquer les ce qui reste des droits des employés du secteur public. »

Il a poursuivi :

« Plutôt que de reconnaître l’évidence – la nécessité de rétablir Hellenic Train dans le public et de le réintégrer au sein de l’OSE (Société des chemins de fer helléniques) – il a annoncé une privatisation déguisée en faisant appel à une société de conseil étrangère. Comme si le gouvernement avait besoin de consultants pour savoir qu’il faut embaucher du personnel ! »

Nikos Tsaklidis, cousin d’Agapi Tsaklidi, victime de Tempé, et employé de Hellenic Train, a pris la parole pour évoquer les travailleurs du rail disparus dans la catastrophe : « Ceux qui n’ont jamais eu le moindre égard pour nos vies, ceux qui affirmaient que le réseau ferroviaire était ‘modernisé’, que tous les systèmes de sécurité fonctionnaient parfaitement, font semblant aujourd’hui d’être touchés par le sort de nos morts. Quelle honte ! »

Il a poursuivi en dénonçant la classe politique :

« Honte aussi à tous les partis qui, sous l’influence de l’Union européenne, ont voté pour démanteler le réseau ferroviaire, privatiser ses segments les plus rentables et sacrifier la sécurité des travailleurs et des passagers. On nous a vendu l’idée que les Italiens allaient ‘sauver’ le rail grec. On a demandé aux employés de faire des sacrifices, en nous assurant que la situation allait s’améliorer et que des mesures étaient prises. Mais nous, les travailleurs et nos syndicats, avons refusé de jouer le jeu. Quelques jours avant la catastrophe, nous avions prévenu qu’un drame majeur était imminent. Et aujourd’hui, nous ne resterons pas là à regarder ces gens verser des larmes de crocodile. »

À la fin du rassemblement, des affrontements ont éclaté, donnant aux forces anti-émeutes un prétexte pour inonder une fois de plus la place de gaz lacrymogènes. Pourtant, de nombreux manifestants ont refusé de quitter le lieu. Beaucoup se sont assis devant le Parlement, les mains levées, poursuivant leur protestation pacifique.

Credit: Aris Oikonomou / SOOC
Credit: Aris Oikonomou / SOOC

Credit: Aris Oikonomou / SOOC

Credit: Dimitris Kapantais / SOOC

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