Affaire de Tempé : arrestations et poursuites contre les manifestant.e.s, un rassemblement prévu

Les autorités grecques ont engagé des poursuites pénales contre les personnes arrêtées lors des grande manifestations sur la place Syntagma, vendredi 28 février, à l’occasion du deuxième anniversaire de la catastrophe ferroviaire de Tempé. Le parquet d’Athènes a inculpé 30 personnes, dont 25 membres présumés du collectif anarchiste Rouvikonas, pour des infractions allant du trouble à l’ordre public à la possession et l’utilisation illégales de fumigènes, ainsi que le refus de se soumettre au relevé d’empreintes digitales.
La détention des membres de Rouvikonas suscite une vague d’indignation
Les 25 membres de Rouvikonas resteront en détention jusqu’au mardi 4 mars, date à laquelle leur procès reprendra. Le groupe a dénoncé une détention motivée par des raisons politiques et déclaré :
« Le procès des 25 membres de Rouvikonas a été reporté. Ce qui est inédit, c’est que nos camarades restent en détention pour de simples délits jusqu’à mardi. Aucune répression d’État ne nous fera peur. Les vrais criminels sont en liberté, tandis que ceux qui demandent justice pour les victimes de Tempé sont emprisonnés. »
Rouvikonas : « Ce ne sont pas les responsables de Tempé qui sont arrêtés, mais nous »
Dans un communiqué, Rouvikonas a appelé à poursuivre la mobilisation contre ce qu’il qualifie de tentative d’étouffement de la vérité sur la catastrophe de Tempé :
« Nous avons participé au rassemblement de Syntagma et mené une action directe dans les bureaux de Hellenic Train, l’entreprise directement responsable de ce crime. Cette société continue de faire des profits tout en exploitant un réseau ferroviaire vétuste, sans jamais être inquiétée par la justice. Pourtant, ceux qui dénoncent ce massacre sont enfermés dans les ‘cellules de la démocratie’. »
Le collectif a également dénoncé les méthodes employées par la police lors des manifestations, notamment l’arrestation massive de personnes, y compris des mineurs et des individus qui ne participaient pas aux protestations.
L’intervention chez Hellenic Train et la répression policière
Dans la matinée du 28 février, des membres de Rouvikonas ont investi les bureaux de Hellenic Train et ont déployé des banderoles depuis le dernier étage du bâtiment, accompagnées de fumée noire en signe de deuil. Ils sont restés sur place pendant 30 minutes, scandant des slogans repris par les manifestants en route vers la grande mobilisation à Syntagma.
Malgré une forte présence policière autour du bâtiment, les forces anti-émeutes ont pris d’assaut le le toit-teasse du bâtiment et évacué violemment les militant.e.s.
« L’intervention policière sur le toit était irresponsable et aurait pu être mortelle. Si l’un de nos membres avait chuté, qui aurait été tenu pour responsable ? » s’interroge le collectif.
Après leur arrestation, les militant.e.s ont été transférés au centre de rétension des étrangers et inculpé.e.s pour trouble à l’ordre public et infraction à la législation sur les fumigènes, sur plainte déposée par Hellenic Train elle-même.
« Oui, vous avez bien lu. L’entreprise responsable de la catastrophe de Tempe a eu le culot de nous poursuivre en justice. »
Le collectif a également critiqué le système judiciaire, dénonçant des politiques répressives visant à museler toute opposition.
« Les réformes du code pénal ont durci les conditions de détention provisoire, permettant aux juges de refuser systématiquement la libération, même pour des délits mineurs. »
Un rassemblement de solidarité prévu pour les manifestants arrêtés
Un rassemblement de soutien aux personnes arrêtées est prévu le mardi 4 mars à 09h00 devant le tribunal d’Evelpidon. Le Front de Lutte Populaire « Electra Apostolou » fait partie des organisations appelant à une mobilisation massive, dénonçant une répression d’État grandissante :
« Le 28 février, le peuple d’Athènes a mené un combat massif contre la répression d’État. Des milliers de personnes ont investi les rues, refusant que le gouvernement efface la mémoire de Tempé. En réponse, l’État a répliqué par une violence brutale et des arrestations de masse. »
« Qu’il s’agisse des militants organisés ou des membres de Rouvikonas qui ont simplement suspendu une banderole chez Hellenic Train, la répression a été aveugle. La police a même mis des vies en danger en attaquant des manifestants sur un toit. »
Le collectif exige la libération immédiate des détenu.e.s et l’abandon de toutes les charges, promettant de poursuivre la lutte contre l’impunité de l’État.
« Abandon des charges – Libération des arrêtés ! »
Chonologie de l’affaire de Tempé
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