Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux par des habitant.e.s et des passant.e.s montrent des policiers intervenir brutalement dans des bars du quartier d’Exarchia, à Athènes, sans raison apparente.

D’après la chaîne publique ERT, les incidents ont éclaté vers minuit et demi, quand un groupe a lancé des pierres et des bouteilles sur les forces de l’ordre en poste devant les bureaux du PASOK, rue Charilaou Trikoupi. Une voiture en stationnement a pris feu.

La réaction de la police, filmée par plusieurs témoins, a été violemment disproportionnée. On voit des agents s’en prendre à des gens attablés, renverser des tables et des chaises, et interpeller des personnes au hasard, sans justification.

Selon plusieurs témoignages, les policiers auraient cassé du matériel dans certains établissements, frappé des client.e.s et des habitant.e.s du quartier, et embarqué toute personne qui osait protester ou simplement poser des questions.

Silence de la police face aux accusations de violences excessives

La police grecque (EL.AS.) garde pour l’instant le silence sur les accusations de violences arbitraires. Dans un communiqué officiel, elle affirme que peu avant 00h30, un groupe de personnes aurait tenté sans succès de pénétrer dans le bâtiment de la faculté de droit. Les forces de l’ordre les auraient alors repoussés avant de procéder à plusieurs interpellations.

Plus tard, vers 2 heures du matin, la police rapporte que des individus rassemblés dans des cafés du quartier d’Exarchia auraient lancé des pierres, des cocktails molotov et divers objets sur des unités de maintien de l’ordre en patrouille. Toujours selon la police, trois agents auraient été blessés et transportés à l’hôpital militaire 401 d’Athènes pour recevoir des soins.

Marinakis : « Le rôle de la police, c’est d’arrêter les fauteurs de troubles »

Le porte-parole du gouvernement, Pavlos Marinakis, a pris la défense de l’intervention policière :

« Trois policiers ont été blessés à Exarchia. Ils ont réagi à des attaques de personnes violentes, ils ont simplement fait leur travail. La police est là pour interpeller ceux qui jettent des pierres, des bouteilles, ou s’en prennent aux véhicules et aux biens publics ; que ce soit à Exárcheia ou ailleurs. »

Et d’ajouter :

« Il faut prendre cette situation au sérieux, car les conséquences le sont aussi. Quelques comportements isolés – et je pense qu’ils sont très rares, bien moins nombreux que ce que certains médias veulent faire croire – ne peuvent pas ternir l’image de l’ensemble de la police. Elle fait son travail, surtout ces derniers temps, et sa mission est de protéger la société contre ceux qui bafouent la loi et cherchent l’affrontement. »

Interrogé sur les vidéos qui circulent en ligne et semblent montrer des policiers agresser des civils, il a répondu :

« S’il y a des débordements individuels, ils seront examinés. Mais la police faisait face à une situation grave. Trois agents ont été blessés. Ils ne se sont pas blessés tout seuls. S’il y a eu des comportements inappropriés, ils seront sanctionnés. Mais dans un État digne de ce nom, il n’y a pas de zones de non-droit ni d’impunité. »

Réactions de l’opposition

SYRIZA : « Une démonstration brutale et inacceptable »

Dans un communiqué particulièrement critique, le parti SYRIZA a accusé le gouvernement de dérive autoritaire :

« Une fois de plus, les droits individuels sont piétinés par un gouvernement qui, à force de parler de sécurité, s’enfonce toujours plus dans la répression, allant jusqu’à inventer des ennemis là où il n’y en a pas. »

Et d’insister :

« Les témoignages et les vidéos en circulation montrent une démonstration de force prolongée et inacceptable, menée sans aucun respect pour la justice ou les droits des citoyens. Toute personne ayant osé exprimer son désaccord a été traitée comme un coupable. »

Nouvelle Gauche : « Monsieur Chrysochoïdis, reprenez le contrôle de vos troupes »

La Nouvelle Gauche a, elle aussi, vivement dénoncé les incidents :

« Les images d’hier soir à Exarchia, avec la brigade anti-émeute s’en prenant violemment à des gens qui prenaient simplement un verre et saccageant des commerces, font penser à une armée d’occupation plutôt qu’à une présence policière dans une capitale européenne un samedi soir. »

Et de conclure :

« Ce simulacre de campagne sécuritaire, avec des unités d’intervention qui se comportent comme des hooligans dans les quartiers et les universités, est dangereux et doit cesser. Monsieur Chrysochoïdis, il est temps de rappeler vos troupes à l’ordre. »

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