Aux premières heures de samedi 26 avril, les forces de la police anti-émeute ont investi l'occupation 'Exostrefis' à Exarchia, à Athènes, quelques heures seulement après que le ministre Michalis Chrysochoïdis a annoncé l'interdiction d'un événement prévu pour marquer le premier anniversaire du squat. L'opération, menée en présence d'un officier de justice, a mobilisé des agents de la sous-direction de la police contre de la violence raciste et extrémiste, de la brigade d'intervention OPKE et de la sous-direction pour le rétablissement de l'ordre public.

Selon les autorités, six personnes ont été interpellées au cours de la descente. Les forces de l’ordre affirment avoir recueilli des éléments préliminaires qui seront transmis au procureur, et que les locaux seraient rendus à leurs « bénéficiaires légaux », afin de garantir, affirment-elles, l’accès libre du public à l’espace.

Quelques heures plus tôt, Chrisochoïdis, ministre chargé de la sécurité publique, tentait de justifier l’opération lors d’une interview télévisée. Il a décrit Exostrefis – ancien lieu municipal devenu espace autogéré – comme un site « illégalement occupé », accusant les occupants d’organiser des fêtes non autorisées et de consommer de l’alcool sans licence. Des propos perçus comme une tentative de diabolisation des activités sociales et politiques qui avaient émergé sur le site, et qui ont déclenché une vague d’indignation dans le quartier.

En réaction à l’expulsion, des habitant.e.s et des militant.e.s ont appelé à un rassemblement sur les marches de l’Astéra pour défendre la colline de Strefi et l’occupation d’Exostrefis, symbole d’une résistance locale face à l’emballement spéculatif qui frappe Exarchia. Les groupes de soutien ont alerté : l’attaque contre Exostrefis s’inscrit dans une offensive plus large contre les derniers îlots de verdure et de liberté dans ce quartier en pleine marchandisation, prisé par les investisseurs touristiques.

Un communiqué de soutien précisait que les fonds récoltés par les événements solidaires désormais annulés, devaient aider des habitant.e.s récemment touché.e.s par les dégâts du samedi passé, ainsi que soutenir le projet de café social autogéré. Les militant.e.s ont promis de poursuivre la résistance face à la forte présence policière et aux tentatives de privatisation ou de commercialisation de Strefi, jurant qu’aucune expulsion ne saurait les intimider.

Dimanche après-midi, la tension est montée d’un cran

Alors que familles, habitant.e.s et enfants participaient à des activités sportives et culturelles pour défendre l’espace public, les forces anti-émeutes (MAT) sont intervenues violemment. Selon l’Association des parents d’élèves de l’école primaire 36 d’Athènes, les enfants présent.e.s lors d’un tournoi de football ont été la cible de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Objectif : disperser et terroriser, en dépit de la présence manifeste de mineurs.

Témoignages et vidéos accablants montrent les forces de l’ordre bousculant la foule, chargeant à coup de boucliers, lançant gaz et grenades dans un espace où des enfants tentaient de jouer. L’association parentale a dénoncé une opération qui a transformé un moment festif en scène de guerre, criminalisant de simples familles réunies pacifiquement.

Des fourgons de police bloquaient les rues alentour, tandis que des unités anti-émeutes quadrillaient le quartier, faisant peser sur Exarchia une atmosphère de siège.

Les autorités, elles, avancent que près de 70 « soutiens » d’Exostrefis auraient adopté une attitude « menaçante » à l’égard des forces de l’ordre, justifiant ainsi l’intervention. Une version catégoriquement contestée par les riverain.e.s, qui insistent sur le caractère pacifique du rassemblement, organisé pour protéger la colline contre l’appropriation et la répression d’État.

Sous couvert de faire respecter la « légalité » municipale, le gouvernement semble surtout vouloir éradiquer les initiatives populaires qui font vivre Exarchia. Dans ce quartier historiquement frondeur, beaucoup voient dans cette répression brutale une tentative de plus pour étouffer toute forme d’organisation autonome et collective.

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