Maria Karystianou, présidente de l'Association des familles des victimes de Tempé, soulève des questions cruciales concernant l’enquête sur la catastrophe ferroviaire de Tempé dans une nouvelle publilcation, cette fois-ci adressée au juge d'instruction auprès de la cour d'appel, Sotiris Bakaimis. Elle lui reproche de sérieuses omissions et l'avertit de ne pas « enterrer » le dossier de l’affaire.

Karystianou souligne que Bakaimis a pris en charge l’affaire après l’intervention du Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, avec l’objectif de dissimuler le crime de Tempé. Elle affirme que, depuis deux ans, Bakaimis n’a pas inclus des preuves cruciales dans le dossier, telles que les enregistrements audio et les documents numériques saisis par la Direction des enquêtes criminelles (DEE) les 14 et 15 mars 2023, ainsi qu’un rapport médico-légal du 28 juin 2023.

« Nous avons été stupéfaits d’apprendre que tous ces éléments avaient été remis au juge dès mars 2023 », déclare Karystianou, demandant pourquoi, deux ans plus tard, ces preuves n’ont toujours pas été intégrées et pourquoi elles ont été retenues des parties impliquées et de leurs consultants techniques.

Citations marquantes de la publication de Karystianou :

« Le 6 mars 2023, M. Mitsotakis a personnellement demandé au Procureur de la Cour suprême, M. Doyakos — connu pour ses liens très proches avec le gouvernement — de requalifier l’affaire de Tempé au plus haut niveau d’investigation ! Depuis quand le Premier ministre du pays donne-t-il des ordres au Procureur de la Cour suprême de changer le juge d’instruction de l’affaire de Tempé ? »

« Et voilà que l’affaire est retirée des mains de la juge d’instruction de Larissa, Mme Sourla, et confiée à un juge soigneusement sélectionné, l’Honorable M. Bakaimis, spécifiquement chargé de ‘s’en occuper’. »

« Qui est M. Bakaimis, l’homme choisi suite à l’ordre de M. Mitsotakis ? »

« C’est l’homme qui, deux ans après (!) n’a pas intégré dans le dossier de l’affaire de Tempé les fichiers audio et tous les documents numériques saisis par la Direction des enquêtes criminelles les 14/03/2023 et 15/03/2023, en exécution de l’ordre de l’ancienne juge d’instruction, Mme Sourla, numéro 94/2023. »

« Pourquoi, malgré la possession de ces preuves inestimables depuis le 14/03/2023 et le 15/03/2023 — dans les 15 jours critiques après la catastrophe — n’ont-elles jamais été intégrées au dossier, tandis que, à la place, nous avons affaire à une vidéo d’origine inconnue, d’un opérateur inconnu, qui aurait été cachée dans un tiroir ? »

« Que dit le Honorable M. le juge d’instruction en réponse à tout cela ? Mais au-delà de tout cela, que dit-il à propos de :

  1. Ne pas avoir saisi et intégré les disques durs qu’il était obligé de consulter s’il voulait réellement découvrir la vérité ?

  2. Accepter des enregistrements audio modifiés des chefs de gare et des vidéos non pertinentes, sans enquêter sur ceux qui ont manipulé et dissimulé des preuves, comme il en avait l’obligation légale ?

  3. Ne pas enquêter sur les morts inexpliquées de deux figures clés de l’affaire, Konstantinos Chrysagis et Kostas Prassas, qui seraient décédés accidentellement dans un intervalle de 20 heures l’un de l’autre, en refusant d’établir un lien ou de mener une enquête ?

  4. Refuser d’enquêter sur le transport illégal de produits chimiques, malgré des preuves accablantes ?

  5. Ne pas transmettre les vidéos modifiées qui sont apparues ce week-end dans les médias à la Direction des enquêtes criminelles, préférant les envoyer directement à des experts désignés sans aucune expertise pertinente, tout en interdisant à nos propres consultants techniques d’intervenir.

  6. N’avoir convoqué les témoins clés survivants de l’accident que 15 mois plus tard — seulement après une pression intense de notre part ?

  7. Refuser l’exhumation de nos enfants décédés, ce qui aurait révélé les produits chimiques que leurs corps calcinés avaient absorbés ?

  8. Autoriser des violations des protocoles d’enquête standard, permettre la manipulation des preuves et ignorer l’échec des experts médico-légaux à réaliser les examens toxicologiques obligatoires qui auraient confirmé la présence de produits chimiques dans les corps de nos enfants ?

  9. Ne même pas enquêter sur les brûlures chimiques subies par les pompiers sur le lieu de l’accident ?

  10. Ne pas convoquer pour interrogatoire ceux impliqués dans la dissimulation, afin de tenter de sauver ce qui reste caché ou altéré par les responsables ?

  11. Tromper les familles des victimes et les avocats pendant deux ans sur des actions qu’il prétendait vouloir entreprendre — des actions qu’il n’a jamais menées — offrant finalement du temps aux accusés tout en nous soumettant à un épuisement émotionnel et financier sans précédent ? »

« Nous avons découvert qu’en utilisant la dernière vidéo douteuse qui a fait surface dans les médias, il se prépare à clôturer le dossier — car, comme on dit, un homme qui se noie cherche à s’agripper même à une paille de riz. Croît-il vraiment qu’il pourra continuer à piétiner la loi et à obstruer la vérité indéfiniment, simplement parce que ceux qui le protègent sont ‘intouchables’ ? Ne se rend-il pas compte que les forteresses tombent — avec un bruit retentissant ? »

« Ne vous avisez pas, ‘Honorable’ M. le juge d’instruction, d’enterrer ce dossier aussi. »

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