Konstantinos Tasoulas élu Président de la République hellénique, en pleine polémique sur l’affaire de Tempé

Konstantinos Tasoulas a été élu Président de la République hellénique ce matin, après le quatrième tour de scrutin au Parlement. Il a obtenu 160 voix, tandis que 24 députés se sont abstenus. En tout, 276 parlementaires ont pris part au vote.
Il est important de souligner qu’aujourd’hui, lors de ce quatrième et dernier tour, 151 voix étaient nécessaires pour l’élection. Lors des trois tours précédents, qui n’avaient pas donné de résultat, M. Tasoulas avait également recueilli 160 voix, principalement issues du parti au pouvoir, la Nouvelle Démocratie, qui l’a proposé pour ce poste.
Tasoulas est le premier Président de la République élu depuis la réforme constitutionnelle de 2019, qui a séparé l’élection présidentielle de la dissolution du Parlement et de la convocation d’élections anticipées. Cette réforme a ainsi supprimé la nécessité d’un consensus entre le gouvernement et l’opposition.
Ainsi, il devient le premier Président élu principalement grâce au soutien du parti qui l’a désigné, en plus du soutien de quatre députés indépendants, dont deux—Antonis Samaras et Marios Salmas—sont d’anciens membres de la Nouvelle Démocratie.
Une nomination contestée au cœur des accusations de dissimulation
La nomination de Tasoulas a suscité de vives critiques de l’opposition et des proches des victimes de la tragédie de Tempé. En tant qu’ancien Président du Parlement, il a été lié à la dissimulation de l’affaire Tempé, permettant au dossier d’enquête criminelle de sombrer dans l’oubli.
Maria Karystianou, présidente de l’association des familles des victimes de Tempé et mère d’une victime de la catastrophe, a fermement condamné son élection : « Il n’aurait jamais dû être Président du Parlement, et il est inimaginable qu’on le nomme désormais à la plus haute fonction du pays. »
S’adressant au Premier ministre Kyriakos Mitsotakis après l’annonce de la nomination, elle a ajouté :
« Pour vous, un homme politique qui devrait être tenu responsable n’est qu’un outil utile—quelqu’un qui couvrira les affaires, facilitera les injustices et obéira aux ordres. Mais pour nous, citoyens responsables, c’est une confirmation de la dégradation totale dans laquelle vous nous avez plongés. »
Les lettres de Karystianou au Président du Parlement
Il est rappelé que le président du Parlement grec, Nikitas Kaklamanis, avait rejeté la demande de Maria Karystianou d’annuler le vote pour l’élection du Président de la République. Dans deux lettres adressées à Kaklamanis, elle avait exigé le report du vote, soulignant des questions non résolues concernant le rôle de Konstantinos Tasoulas dans la gestion des dossiers liés à la catastrophe de Tempé.
Dans sa première lettre, envoyée avant le vote, Karystianou exprimait sa « grande surprise » que le vote final ait lieu sans que les député.e.s aient reçu de réponses aux « trois questions cruciales » posées par l’association et les familles des victimes. Ces questions concernaient les actions et omissions de Tasoulas dans l’affaire Tempé, qui, selon elle, devaient être pleinement examinées avant toute élection.
« Les députés ne devraient-ils pas connaître toute la vérité sur les faits et omissions concernant le crime de Tempé, commis par le candidat à la présidence, M. Tasoulas, avant de voter ? » demandait-elle. « Ne devrait-on pas examiner s’il y a une responsabilité pénale derrière ces actes ? »
Elle a accusé par ailleurs le président du Parlement de « mépriser les citoyens et, surtout, les familles qui ont perdu leurs enfants dans ce crime d’État », précisant que les demandes de l’association avaient été ignorées. Dans une seconde lettre, envoyée juste avant le vote, Karystianou réitère sa demande de suspension du processus, affirmant qu’il s’agissait « d’un sceau de la dissimulation par 160 députés ». Elle a demandé que ses deux lettres soient lues et inscrites au procès-verbal parlementaire avant le vote.
Le bureau de Kaklamanis a répondu par l’intermédiaire de ses équipes, précisant que la demande de report ne pouvait pas être acceptée, car le règlement intérieur du Parlement interdit toute discussion ou décision sur le processus avant le vote.
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