Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a annoncé la création d’un nouvel organisme baptisé « Autorité nationale contre la vie chère », qu’il présente comme une initiative phare, prétendument inspirée du modèle suédois. Cette annonce intervient alors que le pouvoir d’achat des salarié.e.s grec.que.s se classe à l’avant-dernière place en Europe, que le pays détient le record du coût du logement, et que les effets de la privatisation du secteur de l’énergie se font durement sentir sur les factures des ménages. Malgré cela, le gouvernement refuse toujours de réduire les taxes indirectes, même sur les produits de première nécessité. C’est dans ce contexte que Kyriakos Mitsotakis dévoile une nouvelle mesure censée répondre à la crise du coût de la vie. Et, dans un climat de tensions croissantes, après avoir visé les étudiant.e.s avec des sanctions sévères et menacé les fonctionnaires de remettre en cause leur statut protégé, l’exécutif relance à nouveau le sujet migratoire, dans une tentative évidente de détourner l’attention.

Lors d’un conseil des ministres, Mitsotakis a reconnu que « la vie chère continue, comme nous l’avons souvent souligné, de mettre à mal les revenus moyens et modestes ». Il a une fois de plus évoqué les hausses de salaires et de retraites, en évitant soigneusement de préciser que ces augmentations ne suivent pas le rythme du coût de la vie.

« Ces hausses permettent un certain soulagement pour les ménages, mais il est clair que la bataille contre l’inflation est loin d’être gagnée », a-t-il déclaré.

Le Premier ministre s’est attardé sur ce nouvel organisme :

« Nous ajoutons un outil supplémentaire à notre arsenal pour faire face à la hausse des prix : une Autorité nationale puissante, chargée de superviser le marché et de protéger les consommateurs, dans l’esprit de ce qui se fait dans certains pays scandinaves. La Suède, notamment, est notre référence la plus proche. »

Cette nouvelle instance, a-t-il expliqué, viendra compléter le travail de la Commission de la concurrence et regroupera des agents issus d’organismes existants, comme l’Ombudsman du consommateur, la Direction générale du marché, et la DIMEA (Unité interministérielle de contrôle du marché), à laquelle Mitsotakis a attribué des résultats notables en matière de contrôle économique malgré des débuts critiqués.

« Ce nouvel organisme permettra surtout de mettre fin à une dispersion des services et de mutualiser des missions qui se recoupent », a-t-il ajouté. « Il sera responsable des inspections, du traitement des plaintes, des sanctions et des règlements amiables. »

Mitsotakis a également évoqué le lancement prochain d’une application mobile permettant aux citoyens de signaler directement des infractions aux contrôleurs. La plateforme e-Consommateur intégrera une alerte quotidienne sur les prix les plus bas pour chaque produit. « C’est un outil précieux mais encore sous-exploité. Il faut lui donner plus de force », a-t-il estimé.

Parmi les autres mesures prévues : une obligation pour les supermarchés et les fournisseurs d’indiquer clairement les produits dont la taille a diminué sans réduction de prix, une pratique de plus en plus courante. Autre projet : la mise en place de marchés réservés aux producteurs, pour leur permettre de vendre directement aux consommateur.rice.s, sans l’intermédiaire des distributeurs. « C’est essentiel pour la transparence et pour renforcer le rôle des producteurs dans la chaîne d’approvisionnement », a-t-il insisté.

Une ligne migratoire encore plus dure, pour flatter la droite et détourner l’attention de la vie chère

Dans la continuité d’un durcissement ciblant étudiant.e.s et fonctionnaires, le gouvernement s’attaque de nouveau à la question migratoire :

« Le deuxième point majeur à l’ordre du jour concerne la migration, et en particulier l’immigration illégale », a déclaré Mitsotakis.

« Le ministre compétent présentera dans un instant les grandes lignes du projet de loi, mais pour résumer, les sanctions seront alourdies pour ceux qui entrent ou restent illégalement dans le pays après le rejet de leur demande d’asile. »

Il a parlé de « règles claires, de solutions claires », insistant sur la volonté d’« améliorer l’efficacité et l’équité » des procédures de retour.

« Ce n’est pas seulement une priorité nationale, c’est aussi une priorité européenne », a-t-il affirmé.

Il a rappelé que « la Grèce a joué un rôle moteur dans la redéfinition de la politique migratoire européenne ces dernières années. Les débats sur les flux secondaires, qui provoquaient tant de tensions entre États membres, ont cédé la place à une nouvelle approche : celle de la maîtrise des frontières extérieures et d’une politique de retour réellement appliquée. »

Il a souligné que « moins de deux personnes en situation irrégulière sur dix sont aujourd’hui renvoyées dans leur pays d’origine à l’échelle européenne ».

Réformes : un discours optimiste, en décalage avec la réalité

Malgré les critiques et un quotidien de plus en plus difficile pour une large partie de la population, le Premier ministre grec persiste dans une lecture optimiste de l’action gouvernementale.

« Nous commençons à voir les résultats des politiques pour lesquelles nous avons été élus en 2023 », a-t-il affirmé.

Il a notamment cité le secteur de la santé comme un exemple positif, alors que les personnels hospitaliers dénoncent, partout dans le pays, une surcharge de travail et un cruel manque de moyens.

« Les attentes sont plus élevées, et cela nous pousse non seulement à respecter nos objectifs pour 2027, mais aussi à construire l’avenir. Notre horizon reste clair : la Grèce de 2030 », a-t-il affirmé.

Et de conclure :

« Si l’on considère que les réformes menées au cours des deux premières années ne commencent à produire des effets visibles que maintenant – prenons l’exemple des évolutions dans la santé –, celles à venir ne montreront, espérons-le, leurs résultats qu’après 2027. C’est pourquoi je parle d’une continuité indispensable dans notre action politique, sans point final ni date d’expiration. »

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