L’hôpital de Rhodes au bord de l’effondrement – Fermetures de services, démissions massives de médecins

L’hôpital général de Rhodes traverse une crise sans précédent. En pleine saison touristique, les démissions de médecins s’enchaînent, les équipes soignantes sont débordées, et les services ferment les uns après les autres, faute de personnel suffisant, selon l’alerte lancée par la Fédération des Associations de Médecins Hospitaliers de Grèce (OENGE).
Le service de neurologie est sur le point de suspendre son activité, faute d’infirmier.e.s. Le service de neurochirurgie, quant à lui, est quasiment démantelé : deux des trois neurochirurgiens viennent de démissionner, et le troisième est prêt à faire de même.
Le syndicat dénonce le refus persistant de la direction de l’hôpital et de l’agence régionale de santé de reconnaître les gardes supplémentaires effectuées par les médecins : gardes qui, du coup, ne sont pas rémunérées. Dans un communiqué au ton cinglant, le collectif « Mouvement uni pour le changement » ironise :
« Les responsables semblent avoir oublié la règle de division apprise en primaire (30 divisé par 3, ça fait 10) ! »
Pousser les médecins à la démission pour mieux justifier la privatisation de la santé
Les médecins soulignent aussi une contradiction choquante : alors qu’il n’y aurait pas de budget pour payer les heures supplémentaires des soignant.e.s, l’État prévoit de faire appel à des entreprises privées d’évacuation sanitaire par avion pour transférer les cas de neurochirurgie de Rhodes et des autres îles du Dodécanèse vers Athènes ou la Crète.
Et la situation n’est guère meilleure dans d’autres services clés :
- Le service d’imagerie mammaire risque de fermer, après le départ anticipé à la retraite du médecin responsable.
- Le service de pédiatrie tourne avec un seul pédiatre.
- En médecine interne, un médecin a récemment démissionné, alors que les équipes étaient déjà en sous-effectif chronique.
- En radiologie conventionnelle, seuls deux médecins sont en poste, et seulement 11 des 26 postes de manipulateurs radio sont pourvus. Résultat : des équipements essentiels, comme l’IRM ou l’appareil de mesure de la densité osseuse, ne fonctionnent qu’une fois par semaine.
Les syndicats médicaux dénoncent une stratégie délibérée d’affaiblissement du service public de santé, accusant le gouvernement de pousser les médecins à la démission pour mieux justifier une privatisation à grande échelle.
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