Devant la presse, Mitsotakis a justifié cette stratégie en évoquant la série télévisée Adolescence, devenue virale en Grèce, tout en prenant soin de préciser que l’initiative gouvernementale « ne répond pas à un phénomène de mode », puisqu’elle aurait été amorcée bien avant la diffusion du programme.

Parmi les outils mis en avant : une plateforme de signalement des cas de harcèlement scolaire, qui aurait déjà recensé plus de mille incidents. Le Premier ministre a regretté une baisse des signalements ces derniers temps, appelant à une meilleure communication autour du dispositif. Il a exhorté la ministre de l’Éducation à redynamiser sa visibilité, le qualifiant d’outil « essentiel ».

Mais au-delà des annonces techniques, c’est la logique générale du discours qui retient l’attention : celle d’un encadrement sécuritaire renforcé des adolescent.e.s. Mitsotakis a salué la « présence discrète » de policiers dans les espaces fréquentés par les jeunes, y voyant une source de « sentiment de sécurité ». Il insiste sur le besoin d’agents « bien formés » capables d’agir avec « la sensibilité nécessaire » face aux comportements adolescent.e.s.

Autre dispositif mis en avant : l’application Safe Youth, installable sur les téléphones, qui permet aux jeunes de contacter rapidement la police s’ils ou elles se sentent en danger. Mais aussi Kids Wallet, un outil pensé pour les parents, qui permettrait de restreindre l’usage des réseaux sociaux à certains moments de la journée, voire d’en bloquer l’accès, tout en vérifiant l’âge des utilisateur.rice.s. Ici encore, la logique de surveillance prend le pas sur une approche plus globale.

Tout au long de son intervention, Mitsotákis a martelé un même message : le cœur du problème, selon lui, se situe dans l’usage massif des réseaux sociaux par les adolescent.e.s.

« Nous reconnaissons le problème de la dépendance à internet », a-t-il affirmé.

« Quand on fait défiler une application sans but ni raison, simplement parce que l’algorithme est malin et nous propose du contenu qu’il sait capable d’attirer notre attention. À travers ce contenu, des comportements déviants peuvent même être mis en avant », a-t-il souligné.

Il a affirmé que le cerveau d’un enfant, entre la préadolescence et l’adolescence, évolue très vite. « On sait que la prise de risque, les comportements parfois imprudents, et dans une certaine mesure la remise en cause de l’autorité font partie du processus de passage à l’âge adulte. Mais le problème, c’est de ne pas jeter de l’huile sur le feu, ce qui arrive souvent avec ces plateformes », a-t-il déclaré. Il a encouragé les parents à utiliser les outils numériques proposés et, surtout, à parler avec leurs enfants.

« On va au restaurant et on voit des familles entières, parents et enfants, les yeux rivés sur leur téléphone. »

Il a insisté sur le fait que cette application permettra aux parents de limiter le temps passé par leurs enfants sur les réseaux sociaux, en ajoutant :

« Aucun enfant ne peut grandir sans limites, et aucun parent ne peut se soustraire à la responsabilité d’en poser. »

Parmi les autres mesures annoncées : encourager les jeunes à pratiquer une activité sportive. « Je suis moi-même sportif, je sais ce que cela apporte concrètement aux enfants et aux adolescents : un exutoire créatif et un cadre pour intégrer des valeurs essentielles comme le respect des règles, le travail d’équipe, les droits et les devoirs », a-t-il déclaré.

Il a promis davantage d’infrastructures sportives destinées aux jeunes, avec des terrains dans les écoles et des installations encadrées.

« Qu’ils le veuillent ou non, quand ils font du sport, ils n’ont pas leur téléphone en main. Deux objectifs atteints d’un coup », a-t-il lancé.

Sur la santé mentale, Mitsotakis s’est dit satisfait de voir la jeunesse parler plus librement qu’avant de ses difficultés. Mais il a reconnu que les moyens publics ne sont pas encore à la hauteur :

« Cette stratégie nationale trace une feuille de route. On n’y est pas encore, mais on avance. »

Enfin, une fois encore, il a renvoyé la balle aux parents :

« Devenir parent, c’est facile. Être parent, c’est autre chose. Rien de ce que nous mettons en place ne pourra fonctionner sans l’implication des parents. »

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