Soins intensifs à Agrinio : des poursuites pénales après des « morts en série » durant la pandémie

Des poursuites pénales ont été engagées contre des membres de la direction et du personnel infirmier de l’hôpital général d’Agrinio, en lien avec une série de décès survenus dans son unité de soins intensifs (USI) durant la pandémie de Covid-19. Le procureur d’Agrinio les accuse d’avoir exposé des patient.e.s à un danger mortel après que le taux de mortalité dans l’USI ait atteint les 100 %.
D’après agriniopress.gr, l’affaire a été transmise au juge d’instruction, qui entendra les mis en cause ainsi que des témoins, dont des médecins experts et des proches de victimes.
Le journal Peloponisos a révélé que ces poursuites sont le fruit de quatre années de démarches judiciaires entreprises par les familles de 17 patient.e.s décédé.e.s.
Dès la période de la pandémie, les médias locaux d’Agrinio avaient tiré la sonnette d’alarme : selon eux, tou.te.s les patient.e.s atteint.e.s du Covid transféré.e.s en réanimation y avaient perdu la vie. Ils parlaient alors d’un taux de mortalité dramatique, proche de 100 %.
L’autorité régionale de santé de la Grèce de l’Ouest, des îles Ioniennes et du Péloponnèse avait d’ailleurs reconnu un taux de mortalité anormalement élevé dans l’hôpital d’Agrinio, et annoncé qu’une enquête serait ouverte par le conseil d’administration.
La plainte pénale, telle que rapportée par agriniopress.gr, vise directement la direction de l’hôpital. Elle évoque clairement des responsabilités à la fois administratives et pénales, laissant entendre que des délits graves auraient pu être commis. La directrice des services infirmiers est également mise en cause pour avoir, selon la plainte, organisé les plannings et les affectations en fonction de critères personnels, et non professionnels.
Sont également joints à la plainte des articles de presse publiés à l’époque, pointant de graves manquements de la direction de l’hôpital. L’un d’eux soulignait même que l’on pouvait douter à la fois de l’état des équipements et de la compétence du personnel médical et infirmier.
La Fédération panhellénique des travailleurs des hôpitaux publics (POEDIN) avait aussi dénoncé à l’époque la situation, affirmant que le cas d’Agrinio n’était malheureusement pas isolé. D’autres unités de soins intensifs improvisées, comme celle de l’hôpital d’Edessa, présentaient également des taux de mortalité alarmants. À Edessa, l’unité de six lits créée en urgence avait elle aussi connu un taux de décès de 100 %.
Selon le président de POEDIN à ce moment-là, Michalis Giannakos, ces décès étaient dus à de nombreux facteurs : soins insuffisants, intubations réalisées trop tard, absence de transfert rapide vers des USI bien équipées, longues périodes d’attente, tri des patients selon leur âge, ou encore sorties précipitées après une extubation. Le manque de personnel qualifié jouait également un rôle majeur.
« Quand les soins intensifs sont sous-dotés en personnel, avec des équipes inexpérimentées et trop peu nombreuses, les taux de mortalité explosent », avait alors déclaré Giannakos, citant en particulier le cas d’Agrinio.
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