Interdiction de concerts à Exarchia : le ministre rétropédale après la polémique

Après avoir déclenché une vive polémique en évoquant une interdiction des concerts à Exarchia, Athènes, le ministre de la Protection des citoyens, Michalis Chrysochoïdis, nuance désormais ses propos. Il affirme que la mesure ne concernerait qu’un seul événement, prévu pour marquer l’anniversaire de l’occupation du lieu autogéré « Exostrefis ». Une précision qui laisse planer la menace d’une intervention policière. « Ce genre de chose ne peut pas être toléré », a-t-il déclaré.
Quelques jours plus tôt, dans le sillage d’un concert de soutien à la Palestine organisé sur la colline de Strefi, suivi d’affrontements, le ministre avait tenu les propos suivants :
« Rien ne justifie l’organisation de concerts dans un quartier aussi densément peuplé, surtout si certains s’en servent comme tremplin pour provoquer des violences. On ne peut pas permettre à deux ou trois mille personnes de se réunir dans une zone déjà sous pression, que ce soit pour la Palestine ou pour toute autre cause. Qu’elles aillent ailleurs. »
Face au tollé, Chrysochoïdis revient sur ses déclarations. Invité sur Action24, il a précisé que l’interdiction ne concernait qu’un événement en particulier :
« Il y a une fête prévue dans deux jours pour célébrer l’occupation d’un ancien kiosque municipal, qu’on prévoit de louer à un privé. C’est un bien public occupé illégalement. Des fêtes s’y organisent sans autorisation, on y apporte de l’alcool – je ne sais même pas quoi exactement. On ne peut pas laisser faire. »
Des propos qui vont bien au-delà d’une simple critique logistique, puisqu’ils jettent l’opprobre à la fois sur les pratiques festives d’une partie des jeunes, mais aussi sur leur engagement politique.
Le lieu en question, selon le ministre, a vocation à être confié à un exploitant privé, conformément à une décision du conseil municipal. Ce cadrage très ciblé revient de fait à stigmatiser les militants occupant Exostrefis, mais aussi les habitants du quartier mobilisés à travers l’Assemblée ouverte pour la défense de la colline Strefi, qui s’opposent depuis des mois à la privatisation de cet espace vert.
Au-delà des mots, la déclaration de Chrysochoïdis est perçue comme un signal annonciateur d’une intervention policière imminente. Des événements sont en effet programmés au squat « Exostrefis » les samedi 26 et dimanche 27 avril.
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