À la suite d’un incident survenu récemment sur le campus de l’École polytechnique à Athènes, le Premier ministre grec Kyriákos Mitsotákis a déclaré lors d’une interview le 5 mai qu’il devait y avoir des « sanctions disciplinaires automatiques » pour les étudiant.e.s qui, selon lui, « liberté d’expression et violence organisée ». Il a menacé d’exclure de l’université publique celles et ceux qui se rendraient coupables de tels actes, affirmant que son gouvernement allait s’y tenir fermement et trouver les moyens de faire appliquer cette mesure. Ses propos marquent une nette radicalisation de son discours, dans un virage assumé vers une posture autoritaire et répressive.

Après avoir orchestré un discours alarmiste sur « délinquance juvénile », le gouvernement semble désormais cibler les étudiant.e.s. Cette orientation s’appuie sur un incident survenu le 5 mai, lorsque des individus ont tenté d’afficher du matériel politique dans une cafétéria universitaire. L’exploitante des lieux a tenté de les en empêcher, ce qui a entraîné une altercation et, selon les rapports, une agression physique.

Entretenant une forme de dramatisation autour de l’état des universités publiques, le Premier ministre plaide à présent pour un durcissement des sanctions disciplinaires, visant les mêmes étudiant.e.s qu’il reconnaît pourtant comme « ayant travaillé dur pour intégrer l’enseignement supérieur. »

« Nous avons déjà accompli des progrès significatifs, mais il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine », a-t-il déclaré sur la chaîne publique ERT.

Non sans une certaine autosatisfaction, il a souligné qu’il n’y avait actuellement plus aucune occupation ou blocus étudiant sur les campus – un résultat qu’il attribue à l’intervention accrue de la police dans les établissements. « C’est très différent de ce que nous connaissions par le passé », a-t-il affirmé.

« L’asile universitaire, dans les faits, n’existe plus. La police peut désormais intervenir dès que les autorités universitaires le demandent – et le faire immédiatement. Mais je ne vais pas m’attarder sur ce que nous avons déjà fait. Je veux parler de ce qu’il reste à accomplir. »

Il a poursuivi en expliquant qu’il est désormais impératif que les universités – en particulier celles jugées à risque – finalisent et mettent en œuvre des plans de sécurité en attente depuis trop longtemps. « Cela ne doit pas rester théorique », a-t-il insisté, « mais se traduire par des mesures concrètes et applicables. Si ce n’est pas le cas, il y aura des sanctions claires pour toutes les parties concernées. »

« Je ne veux pas trop en dire pour l’instant », a-t-il ajouté, « car je pense que la ministre de l’Éducation pourra bientôt faire des annonces concrètes lors du prochain sommet des recteurs. Mais chacun doit prendre ses responsabilités, y compris l’État. Je ne suis pas là pour rejeter la faute sur les autres. Ce que veulent les citoyens, c’est que l’on trouve des solutions, pas que l’on se renvoie la balle. Il faut que nous travaillions en étroite collaboration avec les directions universitaires, en donnant la priorité à certaines facultés emblématiques. Nous savons lesquelles. Et nous devons obtenir des résultats visibles rapidement. Ce qui était autrefois la norme doit devenir l’exception, et même les exceptions ne peuvent plus être tolérées. »

Pour conclure, Mitsotakis a réaffirmé sa volonté d’imposer des sanctions plus strictes :

« On ne peut pas continuer sans que des sanctions disciplinaires automatiques soient appliquées aux étudiants qui confondent liberté d’opinion et intimidation, ou qui ont recours à la violence pour imposer leurs idées. Une université doit être un espace de libre expression, pas un lieu de menaces et de violences. Si vous appartenez à cette seconde catégorie, vous n’avez pas votre place dans une université publique. Nous mettrons tout en œuvre, dans le cadre de la loi, pour écarter ces individus. »

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